Les Soulèvements de la Terre

Association pour la défense des terres
Liminbout
44130 Notre-Dame-des-Landes
E-mail : contact@lessoulevementsdelaterre.org
Site : https://lessoulevementsdelaterre.org/

Créés début 2021 à l’initiative d’activistes de la Confédération paysanne, de l’ultragauche issue de la mouvance politique autonome anticapitaliste, et d’anciens membres de la zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, Les Soulèvements de la terre (SLT) sont rapidement devenus le fer de lance de la lutte écologiste radicale. Voulant «arracher des terres à l’exploitation capitaliste», les SLT ont réussi à séduire divers autres acteurs, comme les comités de locaux écologistes (par exemple Bassines Non Merci), la «génération climat» (Extinction Rebellion, Youth For Climate France), et des associations militantes nationales (Amis de la Terre France, ATTAC France), ou encore des syndicats comme la CGT ou Solidaires.
Le mouvement identifie trois menaces principales sur les terres agricoles : «Leur accaparement sans reste par l’agro-industrie, qui les épuise et dilapide la ressource en eau ; celle de l’artificialisation croissante des sols, de leur “bétonisation”, par l’urbanisme et par l’activisme économique des géants du bâtiment et des travaux publics ; celle de la destruction irréversible de la vie des sols par les engrais, pesticides, fongicides et herbicides déversés partout sur la terre par les multinationales de la pétrochimie». La lutte contre les retenues d’eau agricoles, qualifiées de «mégabassines», est notamment devenue emblématique du mouvement. De façon plus générale, les SLT estiment que «seul un basculement radical – un soulèvement – pourrait permettre d’enrayer le réchauffement climatique et la 6ème extinction massive des espèces déjà en cours. Au fond, nous le savons, il ne nous reste aujourd’hui plus d’autre voie que de mettre toutes nos forces dans la bataille pour enrayer le désastre en cours, et abattre le système économique dévorant qui l’engendre.»
Concernant leur stratégie, un représentant du mouvement a déclaré que «pour faire face à des projets destructeurs d’aménagement capitaliste du territoire, et pour y faire face victorieusement, il faut combiner des recours légaux, des manifestations de masse, un travail de conscientisation et d’engagement dans un ensemble de cercles sociaux très divers, mais aussi, face à la police et aux tractopelles, des capacités de résistance physique sur le terrain. En d’autres termes, des formes qui assument un certain niveau de conflit plutôt que de le neutraliser mais sans se laisser isoler politiquement». Depuis leur création, les SLT sont à l’origine d’une trentaine d’actions coup de poing, organisées en différentes «saisons» et «actes», privilégiant l’action directe et n’hésitant pas au recours à la violence. Des actions de sabotage ont, par exemple, été organisée en octobre 2022, en coupant les canalisations destinées à alimenter la future réserve d’eau de Sainte-Soline, ou encore sur plusieurs sites de Lafarge, en décembre 2022, avec sabotage de l’incinérateur et de dispositifs électriques, câbles sectionnés, sacs de ciments éventrés, véhicules et engins de chantiers endommagés… Les SLT privilégie le terme «désarmement» en raison de la «stigmatisation des actions de sabotage».
Les SLT ont défrayé la chronique suite aux échauffourées lors de l’action du 25 mars 2023 organisée avec la Confédération paysanne et Bassines Non Merci «contre les mégabassines» à Sainte-Soline, avec un bilan de 47 gendarmes blessés et 200 manifestants blessés. En effet, un des cortèges des SLT était composé d’activistes violents, venus avec des haches, des bombes artisanales et des boules de pétanques. Comme l’explique la députée écologiste Delphine Batho, «il n’y avait aucun doute sur l’intention des organisateurs d’aller à l’affrontement». Toutefois, selon le porte-parole des SLT Basile Dutertre, il ne s’agissait que d’«autodéfense». Un activiste qui avait participé à une action contre Lafarge avait justifié l’usage de la violence ainsi : «La violence vient avant tout de ces entreprises qui investissent des milliards pour continuer à produire en polluant.» Malgré cette violence assumée, de nombreuses personnalités ont pris la défense des SLT suite aux menaces de dissolution du mouvement, parmi lesquelles : Vincent Verzat (chaîne Partager C’est Sympa), Dominique Bourg, Marine Tondelier (EELV), Benoît Biteau (EELV), Cyril Dion, Clémence Guetté (LFI), la climatologue Valérie Masson-Delmotte, Nicolas Girod (Confédération paysanne)…
En même temps, certains s’interrogent sur les actions à venir. Ainsi, le porte-parole national de la Conf’ Nicolas Girod explique : «On a assisté ce jour-là des modes d’actions qui ne sont pas les nôtres. Quelque chose de violent et difficile. On ne se sentait pas toujours à notre place (…) Cela nous a desservis. Nous réfléchissons avec nos partenaires à de nouveaux modes d’actions». L’eurodéputé Benoît Biteau abonde dans le même sens : «Avec les Soulèvements de la terre et Bassines non merci, nous cherchons des modalités qui empêcheraient les blacks bloc de préempter notre mouvement en allant confronter les forces de l’ordre. Nous ne voulons pas être pris en otage.». Enfin, José Bové critique l’action de Sainte-Soline, estimant que «la violence n’est jamais une solution. Elle appelle la répression qui appelle elle-même la violence… (…) Tout ça criminalise le mouvement global de l’écologie et on ne parle pas du fond (…). C’est une erreur.»

Il n’existe pas de structures légales dénommées «Les Soulèvements de la Terre». En revanche, les SLT reçoivent des dons de l’Association pour la défense des terres, constituée en août 2021. En avril 2023, les SLT revendiquent environ 35 comités locaux, dont un en Suisse et un autre en Belgique.

Porte-paroles

  • Benoît Feuillu
  • Basile Dutertre

Coprésidence de l’Association pour la défense des terres

  • Genevieve Azam
  • Jean-Claude Balbot
  • Jérôme Baschet
  • Aurélien Berlan
  • Christophe Bonneuil
  • Bénédicte Bonzi
  • Isabelle Cambourakis
  • Renaud Daumas
  • Philippe Descola
  • Sophie Gosselin
  • Celia Izoard
  • François Jarrige
  • Maxime Laisney
  • Virginie Maris
  • Corinne Morel Darleux
  • Baptiste Morizot
  • Alessandro Pignocchi
  • Marie Pochon
  • Isabelle Stengers
  • Audrey Vernon

Comme le relate Samuel Bodin de la Confédération paysanne, le mouvement des SLT est issu d’une réflexion qui a commencé en 2019, dans le sillage de l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, quand des «jeunes de la Confédération paysanne se sont retrouvés dans le Limousin, rejoints par des copains de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes». En janvier 2021, l’assemblée fondatrice des SLT s’est tenue sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avec le lancement d’un «Appel à reprendre les terres et à bloquer les industries qui les dévorent».
Constituée en août 2021, l’Association pour la défense des terres a pour activité d’apporter «du soutien logistique, matériel ou communicationnel d’associations locales de défense des terres», dont les deux premiers coprésidents seront Nicolas Garrigues et Joan Monga.

Actions : Les mobilisations contre les «mégabassines», organisées avec la Confédération paysanne et Bassines Non Merci, constituent des actions phares des SLT : dégradation d’une réserve d’eau agricole en novembre 2021 à Cram-Chaban ; fin octobre 2022, environ 4000 personnes manifestent contre une retenue d’eau à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres ; une autre manifestation a lieu à Sainte-Soline en mars 2023, réunissant 30.000 participants.
Lafarge, qualifié de «géant écocidaire du béton», est aussi une cible privilégiée des SLT : en juin 2021, occupation simultanée et démontage de plusieurs sites Lafarge à Saint-Colomban, contre l’extension des carrières de sable ; en décembre 2022, 200 personnes ont pénétré sur un site de Lafarge à Marseille, détruisant du matériel.
Parmi les autres actions, il y a eu notamment : mobilisation contre le projet d’écoquartier des Vaîtes (mars 2021), «Week-end festif» contre la déviation de la RN88 en Haute-Loire (mai 2021), marches de quelques centaines d’activistes contre l’artificialisation des terres en Ile-de-France (octobre 2021), 1500 à 2000 personnes ont manifesté à Lyon contre la présence de Bayer-Monsanto dans la ville (mars 2022), 800 personnes ont manifesté contre l’extension de la zone d’activité économique de Pertuis (mai 2022), mobilisation contre les retenues collinaires et l’artificialisation de la montagne à La Clusaz (juin 2022)…
Formations : Selon une note des renseignements territoriaux, les SLT dispensent des formations à la sécurité numérique et aux techniques de combat contre les forces de l’ordre. Ainsi, une cinquantaine de jeunes militants auraient été formés à ces techniques sous un chapiteau en marge de la manifestation à Sainte-Soline de 2023.

Les SLT sont soutenus financièrement par l’Association pour la défense des terres (ADT), pouvant recevoir des dons provenant essentiellement de plateformes de financement comme HelloAsso. Mais le mouvement est totalement opaque en ce qui concerne ses financements puisque, sur son site, il n’y a aucun rapport financier ni rapport d’activités de l’ADT.

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