Fabrice Nicolino

Journaliste à Charlie-Hebdo
Chroniqueur à Silence
Président de Nous voulons des coquelicots
Membre des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE)
Site : https://fabrice-nicolino.com/

Le journaliste militant Fabrice Nicolino se définit davantage comme «écologiste» en opposition aux «environnementalistes». Selon lui, ces derniers ne considèrent que ce qui «environne» les humains, les seconds considèrent «l’ensemble, les interdépendances, la beauté et la nécessité de chaque espèce. Et dans ce vaste tout, l’homme n’est jamais qu’un élément, certes décisif, mais qui doit composer, partager, céder, éventuellement reculer». C’est ainsi qu’il défend les grands prédateurs comme le loup et l’ours, et dénonce les «ennemis du sauvage» comme «Bové, une bonne part de la Confédération paysanne, nombre d’altermondialistes, y compris journalistes» car ils soutiennent la chasse au loup. Il n’hésite pas à exprimer sa rage d’un «Vive le Loup ! Mort aux cons !». Il revendique aussi une certaine forme d’anarchisme, expliquant que «le refus de la hiérarchie, de l’autorité, du pouvoir, ne m’a jamais quitté», d’où notamment son respect aux luddites.
Il véhicule une vision apocalyptique, convaincu que l’on se dirige vers la «dislocation des sociétés humaines», en raison de la «mort des océans», de la déforestation, de la «disparition des sols fertiles» et de «l’infernal dérèglement climatique». Pour lui, les responsables de ces catastrophes sont à trouver parmi différents lobbies : lobby de la viande, lobby de l’agroalimentaire, lobby de la chimie, lobby de l’agriculture industrielle, etc. Face à ces menaces, Nicolino prône «une révolution intellectuelle et morale» afin de «sauver au royaume si vaste encore du vivant, tout ce qui peut l’être encore». Ainsi, il propose d’en finir avec l’«hyperconsommation» et estime que la pauvreté est «un choix de vie basé sur la simplicité et renforcé par de hautes qualités morales». Fabrice Nicolino fustige aussi les syndicats dans leur défense du pouvoir d’achat : «Je ne serai plus jamais solidaire avec ceux qui, ayant “conquis” la télé, la voiture individuelle, le magnétoscope, la chaîne hi-fi, le téléphone portable et le lecteur DVD, se préparent à de nouvelles campagnes d’hyperconsommation.»
Fabrice Nicolino se déclare non-violent. Toutefois, suite à de violents heurts en février 2014 lors d’une manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il a déclaré : «Que vous dire ? Que je condamne l’attaque contre un bureau de Vinci, les violences contre les CRS et les gendarmes ? Eh bien, non. (…) La violence, c’est eux.» Pour justifier cette position, il fait le parallèle avec Hitler : «Fallait-il suivre le chancelier Hitler dans la destruction des valeurs humaines parce qu’il avait obtenu 44% des voix le 5 mars 1933 ? Et dites-moi, faut-il applaudir cette classe politique lamentable qui nous crie qu’il faut un nouvel aéroport à Nantes ? Je me répète : cela n’a rien à voir. Sauf que si. Nous sommes en guerre. Une guerre non déclarée contre la vie sur Terre.» De même, son mouvement Nous voulons des coquelicots affiche une violence verbale vis-à-vis des agriculteurs, affirmant qu’il faut «cogner contre les empoisonneurs», ou encore qu’«il faut désarmer les tueurs», c’est-à-dire les agriculteurs conventionnels. Et en mars 2019, quand un riverain a donné des coups de poing à un agriculteur épandant un pesticide sur ses champs, son association n’a pas condamné l’acte mais seulement «déploré».
Politiquement, il affirme «vomir» l’«engeance de(s) gauche(s)» comme celle de droite. Il méprise de la même façon EELV. S’adressant à un responsable du parti écologiste, il a déclaré : «Je ne partage à peu près rien avec votre parti. Pas depuis hier. Depuis des lustres.» Il fustige aussi certaines ONG, comme le WWF, Greenpeace, la FNH et FNE, pour «avoir tué l’écologie» en acceptant d’avoir participé au Grenelle de l’environnement. Il adopte un ton aussi vindicatif à l’égard de certaines personnalités. Par exemple, il qualifie François de Rugy de «politicien médiocre qui se fout royalement de l’écologie», Yann Arthus-Bertrand d’«icône de l’écologie bisounours, plus niais tu meurs» et égratigne le «boy-scoutisme» de Nicolas Hulot.
En 2018, il a lancé avec François Veillerette son association Nous voulons des coquelicots avec une pétition demandant l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. En revanche, il a considéré que les pesticides utilisés en bio tels le cuivre, le soufre, la roténone, le spinosad étaient «coquelicots compatibles». La Confédération paysanne estime que la sortie des pesticides telle que voulue par l’appel des coquelicots «conduira à la catastrophe» et que «cet appel ne tient pas compte de la réalité agricole et des paysans».

Né à Paris en 1955, Fabrice Nicolino a quitté l’école très tôt et a commencé à faire de la politique dans les années 1967-1968, à l’extrême-gauche, engagé à la Ligue communiste pendant six ans. Il découvre l’écologie en 1971, dans le magazine Actuel, et rejoint le Larzac en 1972. A cette époque, il était «en faveur de la violence armée pour renverser l’ordre que je connaissais». Il ajoute : «Au départ, c’était l’angle antimilitariste qui m’attirait.» Il a ensuite participé aux mobilisations à Creys-Malville en 1977, à Plogoff en 1981 et, surtout, au Puy-en-Velay contre les projets de barrage sur les gorges de la Loire. Son engagement l’emmène en Italie, en Pologne pour porter des messages à Solidarnosc, au Nicaragua où il accompagne en 1978 la chute de Somoza avec les Sandinistes.
Fabrice Nicolino exerce plusieurs métiers, entre autres dans la chaudronnerie et le soudage, avant de devenir secrétaire de rédaction à l’hebdomadaire Femme actuelle en 1984. Le 29 mars 1985, il est blessé lors d’un attentat à la bombe dans un cinéma de Paris lors du 4e festival international du film juif, où l’on projette Eichmann, l’homme du 3e Reich. Il collabore à de nombreux journaux, parmi lesquels Géo, Le Canard enchaîné, Télérama. En 1988, il participe au lancement de l’hebdomadaire Politis, et tente, avec Jean-Paul Besset, «de le changer, lui faisant quitter les rives de la gauche – plutôt radicale – pour lui faire aborder celles de l’écologie». Il quitte Politis en septembre 1990, avant de reprendre une collaboration régulière entre 1994 et 2003. En 1992, il crée avec Jean-Paul Besset «la microscopique mais vaillante» Agence d’information écologique (AIE). L’AIE se veut être la première agence de presse spécialisée sur les questions d’écologie et d’environnement mise en œuvre par des journalistes. L’AIE tenait un serveur Minitel, le 3617 ECOLOTEL.
Fabrice Nicolino a été conseiller éditorial du groupe Bayard, et a travaillé pour deux de ses journaux, Terre Sauvage (entre 1994 et 2011) et La Croix (chroniqueur de 2003 à 2015). A partir de 1997, il est devenu délégué du personnel CFDT de Bayard Presse. Il est membre de l’assemblée statutaire de Greenpeace entre 2002 et 2007. En 2004, il est membre du comité de rédaction du premier numéro de La Décroissance avant de rompre dès le deuxième numéro. Depuis 2007, il tient un blog dénommé «Planète sans visa». La même année, il publie Pesticides, révélations sur un scandale français, avec François Veillerette, vendu à 35.000 exemplaires. Il fonde en 2009, avec Dominique Lang, religieux assomptionniste, Les Cahiers de Saint-Lambert, revue dont le sous-titre est «Ensemble face à la crise écologique». La revue s’est arrêtée juin 2011, essentiellement pour des raisons économiques. En décembre 2009, il fait partie des 10 personnalités contactées par L214 pour se mettre «en grève de la viande» pendant la durée du sommet de Copenhague, «pour que cesse l’omerta sur la surconsommation de viande en France et sur ses conséquences». Depuis janvier 2010, Fabrice Nicolino écrit des articles sur le thème de l’écologie dans Charlie-Hebdo. En 2011, il publie Qui a tué l’écologie ?, un ouvrage dans lequel il accuse le WWF, , Greenpeace, la FNH et FNE de s’être compromis à l’occasion du Grenelle de l’environnement. Le 7 janvier 2015, il est blessé lors de l’attaque terroriste islamiste perpétrée contre Charlie-Hebdo. En 2017, il devient chroniqueur sur le site d’Arrêt sur images, mais en novembre 2017, il annonce sur son blog la fin de cette chronique. En 2018, il fonde et préside l’association Nous voulons des coquelicots qui a pour objectif de réunir 5 millions de signatures d’ici 2020 pour demander l’interdiction de tous les pesticides de synthèse (en janvier 2020, la pétition a dépassé le million de signatures). En mai 2018, il s’empare du sujet des fongicides SDHI et en fait une thématique de campagne majeure, jusqu’à écrire un livre à ce sujet paru en 2019.

  • Jours sang, Fleuve Noir, 1987.
  • Le Tour de France d’un écologiste, Le Seuil, 1993.
  • L’Auvergne en ballon, avec Anne Hervé, Au pays du nouveau monde, 1999.
  • Guérande, au pays du sel et des oiseaux, textes d’un livre de photos d’Erwan Balança, éditions de L’Étrave, 2004.
  • La France sauvage racontée aux enfants, Sarbacane, 2005.
  • Pesticides, révélations sur un scandale français, avec François Veillerette, Fayard, 2007.
  • Yancuic le valeureux, avec des illustrations de Florent Silloray, Sarbacane, 2007
  • La Faim, la bagnole, le blé et nous. Une dénonciation des biocarburants, Fayard, 2007.
  • Le Vent du boulet, Fayard, 2009.
  • Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde, éditions Les liens qui libèrent, 2009.
  • Biocarburants : une fausse solution, Hachette, 2010.
  • Qui a tué l’écologie ?, éditions Les liens qui libèrent, 2011.
  • Itinéraire d’une goutte d’eau, textes d’un livre de photos de Nicolas Van Ingen et Jean-François Hellio, éditions Plume de Carotte, 2011, éditions Les liens qui libèrent, 2011.
  • Ma tata Thérèse, illustré par Catherine Meurisse, éditions Sarbacane, 2012.
  • Métro, boulot, chimio : Débats autour du cancer industriel (ouvrage collectif), Le monde à l’envers, 2012.
  • La Vérité sur la viande (ouvrage collectif), éditions Les Arènes, 2013.
  • Un empoisonnement universel. Comment les produits chimiques ont envahi la planète, éditions Les liens qui libèrent, 2014.
  • Du vent ! Nouvelles du monde qui vient et images de demain (ouvrage collectif), éditions du Larzac, 2014
  • Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture, éditions Les Échappés, 2015.
  • Révolutions animales, sous la direction de Karine Lou Matignon, éditions Les liens qui libèrent, 2016.
  • Ce qui compte vraiment, éditions LLL, 2017.
  • Lettre à une petiote sur l’abominable histoire de la bouffe industrielle, éditions Les Échappés, 2017.
  • Nous voulons des coquelicots, avec François Veillerette, éditions Les liens qui libèrent, 2018.
  • Le crime est presque parfait, L’enquête choc sur les pesticides et les SDHI, éditions Les liens qui libèrent, 2019.

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.