Président d’Intelligence Verte
Président du Fonds Intelligence Verte
Membre fondateur du Rassemblement Citoyen
Membre du collège d’experts de la Fondation Léa Nature
Parrain de la Fondation d’entreprise Ekibio
Profil
Fondateur de la ferme de Sainte-Marthe à Millançay et pionnier de l’agriculture biologique en France, Philippe Desbrosses est un personnage à multiples facettes. Il a d’abord une image d’interlocuteur modéré et pragmatique avec les institutions, renforcée par ses activités commerciales. Il apparaît d’ailleurs plus volontiers avec son amie Corinne Lepage et le WWF, qu’avec les militants plus radicaux de Kokopelli ou des Faucheurs Volontaires. Il a longtemps fait partie des administrateurs du CRIIGEN (jusque fin 2018) et est aussi proche de deux fondations d’entreprises bio. Il est connu comme l’organisateur jusqu’en 2014 des Entretiens de Sologne (anciennement Entretiens de Millançay), un rendez-vous incontournable pour la «grande famille» du bio, où l’on a vu défiler à la tribune de nombreuses figures de l’écologisme comme Corinne Lepage, Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, Gilles-Eric Séralini, François Veillerette, Dominique Belpomme, etc. Cette présence depuis plus de trente ans en Sologne permet à Philippe Desbrosses d’avoir un fort ancrage régional.
Son idéologie tend cependant vers la radicalité, avec sa revendication d’une agriculture 100% bio et d’un «retour à la terre». Il exprime une nostalgie du passé, voyant même dans la traction animale un «auxiliaire idéal» pour certains travaux agricoles. D’ailleurs, dans un texte d’avril 2020 intitulé «Propositions pour un retour sur terre» qu’il cosigne, Philippe Desbrosses soutient l’idée «d’abandonner presque entièrement la motorisation à énergie fossile et d’avoir massivement recours à l’énergie musculaire (animale ou humaine)» dans les activités agricoles. Il déplore la «désintégration des valeurs traditionnelles de solidarité, de spiritualité, de “Bien commun”», et fustige aussi la société moderne où «“l’homme du progrès scientifique” a inauguré une nouvelle ère : celle du cannibalisme. Elle commence par les animaux et, bientôt, elle se poursuivra avec les hommes, comme dans le film prémonitoire, tourné il y a 25 ans, Soleil vert, où les cadavres humains étaient recyclés pour la nourriture des vivants.» De manière plus générale, Philippe Desbrosses estime qu’il faut mettre en place ces mesures écologiques avant qu’on ne «nous impose l’écologie de manière dictatoriale, parce qu’on ne pourra pas faire autrement.» Il est convaincu que le changement passera par la base, qualifiant par exemple la COP21 de «mascarade».
Son engagement militant depuis sa jeunesse s’est fait sur une base spirituelle, expliquant que «c’était un appel profond, quasi mystique pour la terre» : «Ce qui m’a ramené à l’agriculture biologique, c’est la lecture d’un livre un peu décrié mais qui moi m’a fait passé une étape au-dessus, c’était Le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier en 1968. J’ai fait ma petite crise mystique à cette époque et j’ai découvert l’alchimie. (…) Tout mon parcours est émaillé de cette recherche mystique et spirituelle, que je n’ai jamais dévoilé parce que c’est plutôt contre-productif si vous défendez des idées très sérieuses, très rationnelles, et qu’en même temps vous y mêlez une quête spirituelle, vous êtes vite catalogué comme dépendant d’une secte ou animateur d’une secte.»
Par ailleurs, il promeut régulièrement les pratiques ésotériques de l’agriculture biodynamique, imaginées par l’occultiste Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie. Philippe Desbrosses explique par exemple que «chaque intervention de l’agriculteur ou du jardinier est (…) renforcée positivement ou négativement selon l’heure et les configurations planétaires. En d’autres termes, la plante reçoit les forces ou les faiblesses des “musiques célestes” du moment». De même, il a toujours flirté avec la nébuleuse des médecines douces et antivaccination, préfaçant par exemple un livre de la militante antivaccin Sylvie Simon, ou en participant avec le soutien de Jean-Marc Governatori au lancement de l’Alliance pour la santé en 2009, une structure de promotion des «médecines non conventionnelles».
Parcours
Après avoir obtenu son certificat d’aptitude professionnelle agricole, il est en 1958-1959 aide-familial à la ferme Sainte-Marthe à Millançay, sur l’exploitation de ses parents. En 1962, il se marie avec Jacqueline, accordéoniste et auteur-compositeur. Cette rencontre l’amène à monter sur Paris et devenir guitariste et animateur, entre 1963 et 1971, d’un groupe de variété baptisé «Belisama». Il sera aussi, entre 1969 et 1971, directeur artistique auprès de la firme de disques Vogue. En 1972, il effectue son retour à la terre en tant qu’agriculteur à la Ferme de Sainte Marthe, exploitation dont il sera le responsable dès 1974. A partir de cette époque, il rejoint Nature et Progrès. En 1978, il fonde la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) avec trois autres membres de Nature et Progrès (Rémi Combes, Pierre Guillot et François Jacquot). Vice-président de la FNAB, il est aussi en 1980 président-fondateur du Comité interprofessionnel national de l’agriculture biologique (Cinab). Entre 1980 et 1983, il négocie l’officialisation et la certification de l’agriculture biologique auprès des pouvoirs publics. Expert depuis 1983 de la Commission des labels auprès du ministère de l’Agriculture, il est élu au comité de direction de l’International Federation of Organic Agriculture Movements (Ifoam) qui le charge des premières négociations à Bruxelles pour faire aboutir la reconnaissance de l’agriculture biologique au niveau européen. Il est aussi conseiller-expert à la CEE depuis 1983 et au Parlement européen depuis 1985. En 1987, il devient docteur en sciences de l’environnement avec une thèse sur le lupin (Université de Paris VII). En 2004, il est nommé président de la section de l’agriculture biologique à la Commission nationale des labels, commission dissoute à ce jour. Depuis 1990, Philippe Desbrosses organise les Entretiens de Millançay (rebaptisés Entretiens de Sologne), cycle de conférences où se mêlent écologie spiritualité, écologie, santé et pratiques agronomiques alternatives. En 1999, il crée l’association Intelligence Verte. En 2005, Philippe Desbrosses crée le collectif Objectif Bio afin de défendre une agriculture 100% bio. En 2007, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, il est chargé de mission auprès du ministre de l’Agriculture et co-préside un comité de pilotage interministériel pour la mise en œuvre du programme national de développement de l’agriculture biologique.
En parallèle, Philippe Desbrosses a créé en 1982 la Société civile de productions agrobiologiques et alimentaires de Sainte Marthe et, en 1996, la société Sainte Marthe Développement. Donc, au début des années 80, il met en place l’activité semences, d’abord sous forme associative (échange de graines), dans le but de multiplier des variétés anciennes de légumes. Ainsi, depuis 1982, le Catalogue de la Ferme Sainte-Marthe propose à la vente des semences bio sur une centaine de pages. Cependant, aujourd’hui ce catalogue est entièrement géré par la SARL Ferme de Sainte Marthe, basée en Anjou et non en Sologne, dont l’actionnaire majoritaire a été longtemps Sainte Marthe Développement. En novembre 2001, Philippe Desbrosses a cédé ses parts à la société Graines Voltz.
Depuis 1993, Philippe Desbrosses est aussi directeur du Centre pilote européen de l’agriculture biologique de la Ferme de Sainte-Marthe. Il bénéficie d’une mission contractuelle avec l’Union européenne et avec la Région Centre «pour la formation et la promotion de l’agriculture biologique et la préservation de la biodiversité». Cependant, n’ayant pas été capable de fournir les documents comptables justifiant ses dépenses, Philippe Desbrosses a été mis en demeure par la Commission européenne de rembourser la subvention. Le 17 avril 2007, le tribunal de grande instance de Blois l’a condamné à rembourser, jugement confirmé par la cour d’appel d’Orléans le 27 mars 2008. Après que les deux sociétés de Philippe Desbrosses aient été placées en redressement judiciaire en avril 2010, elles ont été en liquidation judiciaire le 8 avril 2011. L’activité de la Ferme de Sainte-Marthe a pu être sauvée grâce à la Société Nouvelle de la Ferme de Sainte Marthe, créée par trois amis de Philippe Desbrosses : Charles Kloboukoff (Groupe Léa Nature), François Lemarchand (Nature & Découvertes) et feu Claude Dumont (ancien président du WWF).
En 2010, il apparaît dans le film Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau. En 2013, il participe à la création du Rassemblement Citoyen, le nouveau parti de son amie Corinne Lepage. En 2014, il devient candidat aux élections européennes de 2014, en deuxième position sur la liste Europe Citoyenne dans la région Centre, avec un score de 0,51% des voix. Fin 2014, Philippe Desbrosses lance le projet Graines de Vie, un «mouvement citoyen pour la sauvegarde des variétés potagères et fruitières menacées de disparition». Il s’agit notamment de former des «ambassadeurs de la biodiversité» au Conservatoire de Sainte-Marthe et d’Intelligence Verte et «sauvegarder et multiplier 150 variétés anciennes par notre réseau de reproducteurs». En décembre 2015, en marge de la COP21, Philippe Desbrosses participe au Tribunal International des Droits de la Nature, en tant que juge d’honneur sur les «méfaits de l’agro-industrie et les OGM». En janvier 2017, il crée le Fonds de dotation Intelligence Verte qui «a pour objet le soutien ou la réalisation de projets favorisant l’usage éthique et cyclique de la terre, la préservation et la gestion des ressources naturelles dans une optique de solidarité entre les générations présentes et futures». En avril 2020, il cosigne le texte «Propositions pour un retour sur terre» avec Dominique Bourg, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton, promouvant une «déglobalisation décroissanciste et solidaire». Au même moment, il signe une tribune intitulée «Assurer la sécurité alimentaire des populations», et signée notamment par Dominique Bourg, Corinne Lepage, Edgar Morin, Cyril Dion, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Gilles-Eric Séralini, Charles Kloboukoff, etc. En mai 2020, il cosigne une tribune intitulée «Pour des quotas généralisés» et qui plaide en faveur de «quotas carbone individuels limitant progressivement nos consommations».
Bibliographie
- Le Krach Alimentaire (préfacé par l’Abbé Pierre), Édition Le Rocher, 1987.
- La Terre Malade des Homme, Édition Le Rocher, 1990.
- Nous redeviendrons Paysans !, Édition Le Rocher, 1993.
- L’Intelligence Verte, l’Agriculture de l’avenir, Édition Le Rocher, 1997.
- Préface de l’ouvrage La dictature médico-scientifique ou L’emprise des lobbies financiers dans le domaine de la santé de Sylvie Simon, 1997.
- Agriculture Biologique, préservons notre futur !, préface Jean-Pierre Coffe, Édition Le Rocher, 1998
- Le Guide Bio Hachette en collaboration avec son épouse Jacqueline, Éditions Hachette, 2002 et 2007.
- La Vie en Bio en collaboration avec son épouse Jacqueline, Éditions Hachette, 2002.
- Combien de catastrophe avant d’agir, ouvrage collectif en collaboration avec Nicolas Hulot, Éditions du Seuil, 2002.
- L’impasse alimentaire, ouvrage collectif avec Nicolas Hulot. Éditions Fayard, 2004.
- Le Pouvoir de Changer le Monde, Éditions Alphée, 2006.
- Le Pacte Ecologique ouvrage collectif avec Nicolas Hulot. Éditions Calmann-Lévy, 2006.
- Terres d’Avenir pour un mode de vie durable, préfacé par Edgar Morin, avec E. Bailly et T. Nghiem, Éditions Alphée, 2007.
- Participation à l’ouvrage Politique Ecologique = Plein Emploi de Jean-Marc Governatori, 2007.
- Préface de l’ouvrage La Famine mondiale est imminente – Comment les villages pourraient assurer une prospérité durable de Pierre Gevaert, Éditions Serpent à plumes, 2009.
- Guérir la terre, Éditions Albin Michel, 2010.
- Manifeste pour un retour à la terre, Éditions Dangles, 2012.
- Préface de l’ouvrage La clé d’être – Harmoniser la musique de sa vie, de Marc Vella, Véga, 2016.
- Retour sur Terre : 35 propositions, de Philippe Desbrosses, Dominique Bourg et al., PUF, 2020.