Ecrivain et réalisateur
Directeur de collection chez Actes Sud
Cofondateur de Colibris
Cofondateur de Kaizen magazine
https://www.cyrildion.com
https://blogs.mediapart.fr/cyril-dion
Profil
L’engagement de Cyril Dion dans l’écologisme militant remonte à 2006 quand il a cofondé l’association Colibris avec Pierre Rabhi. Cependant, c’est surtout après le succès en 2015 de son documentaire césarisé Demain, coréalisé avec l’actrice Mélanie Laurent, qu’il est devenu une figure écologiste largement présente dans les médias. Au point de devenir un personnage influent puisque, suite à la pétition «l’Affaire du siècle», il a soufflé l’idée de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) au président Macron. En juillet 2019, il s’est vu d’ailleurs désigné comme l’un des trois garants de l’indépendance de la CCC.
Fortement inspiré par l’essai L’Espèce affabulatrice de Nancy Huston, Cyril Dion est convaincu de la nécessité de proposer un nouveau récit collectif, expliquant : «Nous avons besoin d’imaginer une autre société, de proposer une autre représentation du monde, un autre récit qui suscite l’enthousiasme. Il n’y a pas d’autres solutions (hormis les catastrophes ou des régimes autoritaires) pour entraîner une vaste mobilisation.» Estimant que, pour le climat, «nous avons jusqu’à 2030 pour faire une bascule radicale», Cyril Dion prône «une véritable révolution culturelle» et une rupture avec le «récit forgé dans la société productiviste, uniquement centré sur la croissance et l’obligation de consommer sans cesse.»
Selon Cyril Dion, «la grande mesure qu’il faudrait prendre, c’est inscrire les limites planétaires dans la loi ou dans la Constitution (…) et créer une instance sur le modèle de l’Agence de sécurité nucléaire, dotée d’un pouvoir de coercition, pour évaluer les politiques publiques». Il pense également qu’il faut proposer des mesures consensuelles pour gagner la population à sa cause. Ainsi, au moment où Nicolas Hulot était ministre de la Transition écologique, Cyril Dion avait jugé que «la seule façon de s’en sortir (pour le ministre), c’est d’avoir les gens avec lui. Il faut donc qu’il propose une bataille consensuelle et gagnable, comme celle de bannir les pesticides de l’alimentation».
Ces dernières années, Cyril Dion a adopté un discours plus radical, soutenant par exemple la démarche d’Extinction Rebellion. De plus, il déplore les conflits entre les différentes approches stratégiques qui «paralysent une grande partie des militants, leur donnant l’impression qu’ils ne font jamais le bon choix» : «C’est le grand écart entre d’un côté ceux qui prônent les tout petits pas ou des solutions hyper technologiques et, de l’autre, des mouvements radicaux de type Deep Green Resistance, qui appellent à saboter la société industrielle (…).» Il se définit, lui, comme « un diplomate» qui «essaie de faire du lien entre les deux, ce qui veut dire que je peux me faire insulter des deux côtés». Il ajoute que les changements radicaux qu’il souhaite ne seront possibles que, d’une part, avec des circonstances historiques favorables (par exemple le coronavirus ou les étés très chauds), et, d’autre part, s’il y a une articulation entre les différents mouvements (Gilets jaunes, l’Affaire du siècle, marches pour le climat) : «Chacun doit jouer sa partition. Pour construire le rapport de force, il faut des diplomates et des personnes à la pointe de l’activisme. Il faut à la fois une vision différente du futur, un récit et des luttes. Et parfois ces luttes peuvent comporter une certaine violence qui tâche de résister à la violence des pouvoirs dominants… Les suffragettes brisaient des vitrines, posaient des bombes, sabotaient les réseaux électriques…»
Enfin, Cyril Dion ne néglige pas l’engagement politique, se situant dans la social-écologie. En juillet 2020, il a déclaré : «Il faudra en 2022 que la social-écologie se structure pour faire gagner quelqu’un qui a vraiment dans sa tête le logiciel écologique. Le jalon des municipales est un bon début. Je participe à plusieurs discussions avec des groupes ou des personnes susceptibles d’être candidat(e) ou qui du moins se disent prêts à rassembler le mouvement social écologique pour 2022.»
Parcours
Né le 23 juillet 1978 à Poissy, Cyril Dion a grandi dans un milieu bourgeois catholique de droite, dans les Yvelines, au Vésinet. Après le lycée, il s’inscrit à l’école d’art dramatique de Jean Périmony où il restera trois ans. Après une très courte carrière de comédien, Cyril Dion s’intéresse à la médecine « douce » en raison de problèmes de santé rencontrés par sa compagne Fanny. Il décide alors de passer une formation en réflexologie plantaire d’après l’énergétique chinoise avec la naturopathe Mireille Meunier. Après avoir ensuite exercé la réflexologie plantaire pendant une année, il rencontre Alain Michel, qui vient de monter la fondation Hommes de parole «pour créer du dialogue en amont des guerres, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien». En 2003, Cyril Dion devient coordinateur de la fondation Hommes de parole et participe à l’organisation du congrès israélo-palestinien de Caux en 2003 puis, en 2005 et 2006, des 1er et 2e Congrès mondiaux des imams et rabbins pour la paix à Bruxelles puis à Séville.
Fin 2006, quand il décide d’arrêter de travailler pour Hommes de parole, Pierre Rabhi et quelques amis lui proposent de créer le mouvement des Colibris. Il en devient directeur et confie à son père, ancien gestionnaire de patrimoine, l’administration juridique et financière de l’association. En 2010, il conseille et coproduit avec les Colibris le documentaire Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau. Depuis fin 2011 Cyril Dion dirige la collection «Domaine du possible» aux éditions Actes Sud, avec Jean-Paul Capitani, le patron de la maison d’édition. En 2012, il cofonde le magazine Kaizen dont il sera directeur de la rédaction jusqu’en avril 2014. A l’été 2012, il fait un burn-out, s’arrête deux mois et demi, et a «recommencé une thérapie qui a duré 8 mois». En juillet 2013, il ne dirige plus Colibris mais reste membre du collège des fondateurs, l’un des cinq collèges de la gouvernance de l’association.
En 2014, il coréalise le documentaire Demain avec Mélanie Laurent. Sorti en 2015, il sera César du meilleur documentaire en 2016, vu par 1,1 million de spectateurs en salle et distribué dans 30 pays. Ce succès le propulse comme figure écologiste médiatique et incontournable. En mai 2018, il publie Petit Manuel de Résistance Contemporaine. Il réalise avec Laure Nouhalat Après Demain qui est diffusé en décembre 2018 sur France 2, qui analyse l’impact du film Demain dans la société. Toujours en décembre 2018, Cyril Dion est très impliqué dans «l’Affaire du siècle» et signataire de la pétition. En février 2019, il rencontre, à leur demande, les secrétaires d’Etat Brune Poirson et Emmanuelle Wargon, puis François de Rugy, à l’époque ministre de la Transition écologique. Il explique à ce dernier qu’il pense «que la seule action qui serait véritablement à la hauteur de l’enjeu climatique serait d’organiser l’assemblée citoyenne que nous avions proposée à Emmanuel Macron dans une lettre ouverte en janvier». Cyril Dion sera ensuite reçu, avec Marion Cotillard, par le président Macron. Il lui propose «d’installer une assemblée citoyenne tirée au sort, indépendante, qui fasse des propositions recevables pour l’ensemble de la société». Début 2019, il réalise le clip de la chanson d’Emily Loizeau, Viens avec moi mon vieux pays, écrit en soutien à l’Appel des coquelicots lancé par Fabrice Nicolino. En juin 2019, Cyril Dion refuse d’être nommé chevalier de l’ordre national du Mérite pour protester contre les violences policières auxquelles les militants d’Extinction Rebellion ont fait face lors d’une manifestation sur le pont de Sully. En juillet 2019, il est désigné comme l’un des trois garants à la Convention citoyenne pour le climat, chargés «d’assurer l’indépendance des travaux de la convention, en veillant notamment au respect des principes d’impartialité et de sincérité». En 2019, il entame le tournage de son nouveau film Animal, sur la place de l’Homme dans le règne animal, qui doit sortir début 2021. En novembre 2020, il lance une pétition demandant à Emmanuel Macron de tenir ses engagements envers la Convention citoyenne pour le climat. Les signataires dépassent les 300.000 soutiens en à peine quinze jours.
Bibliographie
- Demain, les aventures de Léo, Lou et Pablo à la recherche d’un monde meilleur, avec Mélanie Laurent et Vincent Mahé, Actes Sud junior, 2015.
- Demain, un nouveau monde en marche, Actes Sud, 2015.
- Demain entre tes mains, avec Pierre Rabhi, Actes Sud junior, 2017.
- Petit manuel de résistance contemporaine, récits et stratégies pour transformer le monde, Actes Sud, 2018.
Filmographie
- Demain, produit par Move Movie, 2015.
- Après demain, co-réalisé avec Laure Noualhat, diffusé dans l’émission Infrarouge le 11 décembre 2018, produit par Yami2.
- Animal, produit par Bright Bright Bright et Capa, 2021.