Marie-Monique Robin

Journaliste et réalisatrice
Associée de M2R Films
Administratrice de Justice Pesticides
Membre du Parlement de la NUPES
Marraine du Tribunal International Monsanto
Marraine de Générations Cobayes
Marraine du Collectif pour le Triangle de Gonesse
Membre du comité de soutien de Bio Consom’acteurs
http://www.m2rfilms.com
https://blog.m2rfilms.com/

Profil

Depuis son documentaire et son livre Le Monde selon Monsanto (2008), Marie-Monique Robin est devenue un personnage important dans le milieu de l’écologisme militant. Elle ne le cache pas puisqu’en sortant son film sur Monsanto, elle avait déclaré : «J’espère qu’il servira à alimenter un débat enfin sérieux sur les OGM, et qu’en France, il contribuera à en interdire la culture et la consommation.» Ce statut de militante écologiste s’est encore renforcé avec son film Notre poison quotidien, dans lequel elle dénonce la présence de produits chimiques dans la chaîne alimentaire qu’elle accuse d’être responsables du développement des maladies chroniques dans les pays industrialisés. Dans son film Sacrée croissance !, Marie-Monique Robin remet en cause les fondements de la société en dénonçant le «dogme» de la croissance et en reprenant les thèses de la décroissance. Dénonçant le «modèle productiviste capitaliste», elle parcourt la France et d’autres pays afin de participer à des projections-débats pour prêcher ses convictions. Biocoop, le géant de la distribution bio, a été partenaire sur plusieurs de ses films. A l’occasion des élections européennes de 2019, elle annonce qu’elle va voter pour EELV, «car nous avons besoin d’un groupe Verts fort au parlement européen», et en 2022, elle rejoint le parlement de la NUPES.
L’intérêt récent de Marie-Monique Robin pour les questions d’environnement s’inscrit dans un engagement plus large que l’on peut assimiler à la gauche altermondialiste. Dans sa jeunesse, elle s’est beaucoup identifiée aux pays d’Amérique latine (où elle s’est rendue plus de 80 fois), et les conflits qui les ont opposé aux Etats-Unis, au point même de participer à une brigade de solidarité au Nicaragua. Ce qui peut expliquer son aversion pour les Etats-Unis et les multinationales, et sa connivence avec les milieux de défense des droits de l’homme, comme la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), et des personnalités comme William Bourdon, son avocat, responsable de l’association Sherpa et ancien responsable de la FIDH. Elle a aussi une certaine complicité avec François Gèze, patron des éditions de La Découverte, décrit par un journal altermondialiste comme «militant de la première heure des luttes révolutionnaires qui ont marqué l’époque». François Gèze et Marie-Monique Robin ont également comme ami commun le millionnaire Olivier Legrain, ancien de Rhône-Poulenc et de Materis, qui a fait fortune avec des produits financiers à hauts risques, les LBO. Selon Libération, c’est grâce à un chèque de 16.000 euros de Legrain en 2009 que la réalisatrice est parvenue «à boucler un documentaire».
Avec le courant altermondialiste, elle partage souvent une vision conspirationniste et manichéenne du monde. Elle voit notamment la firme Monsanto derrière «un vaste projet hégémonique menaçant la sécurité alimentaire du monde, mais aussi l’équilibre écologique de la planète, et qui s’inscrit dans la droite ligne de l’histoire sulfureuse de Monsanto, dont il constituerait même l’apogée». Elle considère aussi que les instances d’évaluation sont corrompues, infiltrées par des scientifiques au service des multinationales de l’agrochimie. Elle explique ainsi que les agences réglementaires «ne sont que des faire-valoir pour les fabricants. Elles servent les intérêts de l’industrie, au détriment de la santé des citoyens». Au moment de la pandémie de Covid, en juillet 2021, elle fustige Emmanuel Macron qui «déclare la guerre au Covid, un virus très peu mortel» et tweete un interview du vaccinosceptique Christian Vélot réalisé par le site France Soir.
Quant aux alternatives qu’elle défend, elle cite en exemple, dans son film Notre poison quotidien, l’Etat de l’Orissa (Inde) où l’agriculture se fait sans pesticides. Elle y constate avec satisfaction un faible pourcentage d’obèses, sans préciser que c’est un Etat où une bonne partie de la population souffre de malnutrition. Dans un autre documentaire, elle n’hésite pas à ériger en modèle le royaume du Bhoutan, en occultant que l’un de ses piliers – la promotion de la culture bhoutanaise – a donné lieu dans les années 1990 à l’exil forcé  de 100.000 Lhotsampas, une minorité d’origine népalaise considérée indésirable. En janvier 2023, elle propose d’encourager les producteurs de betteraves sucrières «à arrêter les monocultures qui causent la prolifération des pucerons», alors que la monoculture de betterave n’existe pas.
Par ailleurs, Marie-Monique Robin promeut la pratique ésotérique de l’agriculture biodynamique, imaginée par le penseur occultiste Rudolf Steiner, créateur de l’anthroposophie. Elle a notamment été marraine du Congrès de biodynamie en 2011 fêtant le 150e anniversaire de Steiner, et a consacré de longues pages à ces pratiques dans son livre Les moissons du futur.
Concernant son travail, il avait été durement critiqué par le jury Albert Londres à propos de son reportage Voleur d’yeux : «Marie Monique Robin nous semble s’être laissée porter par l’émotion. A la fois discutable et honorable, cette émotion a contribué à influencer son regard comme son langage. Son reportage est ainsi devenu trop souvent une démonstration, l’illustration d’une thèse.» A propos de Notre poison quotidien, le toxicologue Jean-François Narbonne a apporté une critique similaire : «Marie-Monique Robin n’ayant pas de formation en toxicologie, elle accumule les approximations, pour livrer au final un reportage uniquement à charge. Certes, beaucoup de faits qu’elle rapporte sont exacts – et connus –, mais sa dérive commence par une interprétation erronée, et débouche sur une présentation orientée.» La grande habilité de Marie-Monique Robin est de mener des enquêtes minutieuses, mais en gardant seulement les faits qui confirment sa thèse et en excluant tous ceux ce qui pourraient la contredire.
Enfin, Marie-Monique Robin est actionnaire de la société de production M2R Films, gérée par son compagnon, et qui a eu un chiffre d’affaires de 25.600 euros en 2021 (contre 131.500 euros en 2020, 264.400 euros en 2019, 387.600 euros en 2018, 293.200 euros en 2017, 505.054 euros en 2016, 456.079 euros en 2015, 935.962 euros en 2014, 246.973 euros en 2013 et 924.724 euros en 2012).

Parcours

Fille d’agriculteurs militants dans la Jeunesse agricole catholique, Marie-Monique Robin étudie les Sciences Politiques à l’Université de Saarbrücken et est diplômée du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg. Très rapidement, elle s’engage, avec un intérêt particulier pour l’Amérique du Sud et Cuba. Elle participe notamment à une brigade de solidarité au Nicaragua.
Elle débute sa carrière de journaliste à France 3 Région entre 1983 et 1986, puis en tant que journaliste indépendante à Point du Jour, Gamma TV et VI Presse. En 1990, elle rejoint l’agence CAPA. C’est à cette époque qu’elle réalise un documentaire sur le trafic d’organes – Voleur d’yeux – qui défrayera aussi la chronique, puisque certains contesteront le cas, présenté dans le film, d’un enfant colombien à qui les yeux auraient été soustrait. Malgré ces péripéties et en raison de sa bonne foi, Marie-Monique Robin reçoit le prix Albert Londres pour ce reportage. En 1999, elle publie Les 100 photos du siècle, qui sera un véritable succès de librairie avec 680.000 exemplaires vendus dans sept langues. Entre 1999 et 2001, elle travaille pour Point du Jour avant de redevenir journaliste indépendante. Depuis 1989, elle a réalisé une quarantaine de films d’investigation et obtenu une trentaine de prix. Elle aborde souvent des sujets polémiques comme le trafic d’organes (Voleur d’yeux, 1993), l’implication de l’armée française dans l’Opération Condor (Escadrons de la mort, l’école française, 2003) ou la torture aux Etats-Unis (Torture made in USA, 2009).
Depuis 2004, Marie-Monique Robin s’intéresse plus particulièrement aux menaces qui pèsent sur la biodiversité et à l’appropriation du vivant par les géants de la biotechnologie, en réalisant trois documentaires sur ce sujet : Les pirates du vivant (2005), Blé : chronique d’une mort annoncée (2005) et Le monde selon Monsanto (2008). Ce dernier a connu un vif succès puisqu’il a été vu par 1,4 million de personnes, lors de sa diffusion sur Arte. Son DVD s’est vendu à plus 50.000 exemplaires et son livre éponyme, préfacé par Nicolas Hulot, a été vendu à plus de 100.000 exemplaires et traduit dans une quinzaine de langues. Dans cette dynamique, et grâce notamment au financement de la Fondation pour le progrès de l’homme, un collectif d’associations regroupant Greenpeace, les Amis de la Terre, ATTAC, Fondation Sciences Citoyennes, Sherpa et Via Campesina, a créé un site «combat-monsanto.org» afin de réunir un maximum d’informations contre la firme de Saint-Louis. Depuis 2004 également, elle a entamé une collaboration étroite avec les éditions La Découverte, très marquée à gauche, qui ont publié la plupart de ses derniers livres. En 2010, elle devient la marraine de Générations Cobayes. Le 15 mars 2011, son film Notre poison quotidien, est diffusé sur Arte. Elle y affirme que les traces infimes de produits chimiques retrouvés dans la chaîne alimentaire sont responsables du développement des maladies chroniques dans les pays industrialisés. Comme avec Le monde selon Monsanto, elle bénéficie pour ce documentaire d’une très importante couverture médiatique.
En février 2011, elle crée une société de production baptisée M2R Films, gérée par son compagnon David Charasse, afin, dit-elle, d’être «désormais propriétaire des images et interviews que je réalise». M2R Films produit ou coproduit désormais les films de Marie-Monique Robin. En novembre 2011, elle est marraine du Congrès de la biodynamie. En 2012, elle est marraine de la Greenpride. Depuis 2013, elle est marraine d’Alternatiba, «village des alternatives locales». En novembre 2013, elle a participé au lancement de Nouvelle Donne, apportant son soutien à ce parti politique pour les élections européennes de 2014. En 2014, son enquête Sacrée croissance ! dénonce le «dogme» de la croissance et promeut les thèses de la décroissance. En mai 2016, France 3 diffuse Sacré village !, sur le village alsacien Ungersheim, considéré comme un modèle de la transition écologique vers l’après-pétrole. En juin 2016, elle reçoit le Prix Christophe de Ponfilly «pour l’ensemble de son œuvre». En octobre 2016, elle participe au Tribunal Monsanto à La Haye, dont elle est la marraine. A cette occasion, Biocoop a apporté un soutien financier de 50.000 euros aux coordinateurs du Tribunal dont Marie-Monique Robin.
Pour la première fois, et tentant de profiter du succès de Demain, elle sort un film directement au cinéma en novembre 2016 : Qu’est-ce qu’on attend ?, une version longue de son reportage Sacré village ! En juillet 2016, il est annoncé que le film a fait 80.000 entrées mais qu’il manque encore 20.000 entrées pour équilibrer le budget. En septembre 2017, elle devient administratrice de l’association Justice Pesticides. En octobre 2017, Arte diffuse son reportage Le Roundup face à ses juges. En 2018, elle devient marraine du Collectif pour le Triangle de Gonesse qui lutte contre le projet de centre commercial EuropaCity dans le Val-d’Oise. En août 2018, elle intervient aux Journées d’été des écologistes organisées par EELV. En septembre 2018, elle est l’une des personnalités signataires de l’Appel des coquelicots exigeant l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. Pour les élections européennes de 2019, elle appelle à voter pour EELV. En novembre 2019, elle sort au cinéma son film Nouvelle cordée, «l’histoire de l’expérimentation “Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée”, qui a été lancée dans l’agglomération de Mauléon en 2015». En 2021, elle promeut la Primaire Populaire pour «créer un Front Populaire écologique» mais après son échec, Marie-Monique Robin annonce qu’elle va voter pour Jean-Luc Mélenchon. En 2022, elle rejoint le parlement de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale).
Marie-Monique Robin a été décorée le 8 juin 2013 de la Légion d’honneur à Notre-Dame-des-Landes, remise par la sociologue Dominique Méda.

Bibliographie

  • Voleurs d’organes, Enquête sur un trafic, Éditions Bayard, 1996
  • Les 100 photos du siècle, Éditions du Chêne, (Éditions Tachen et France Loisirs), 1999.
  • Grand reportage. Les Héritiers d’Albert Londres, Œuvre collective, Éd. Florent Massot, 2001.
  • Le sixième sens, en collaboration avec Mario Varvoglis, Éditions du Chêne, 2002
  • Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, 2004.
  • L’école du soupçon : les dérives de la lutte contre la pédophilie, La Découverte, 2005.
  • Le Monde selon Monsanto, La Découverte, 2008.
  • 100 photos du XXIe siècle, La Martinière, 2010, avec son conjoint David Charrasse.
  • Notre poison quotidien, La Découverte, 2011.
  • Les moissons du futur : Comment l’agroécologie peut nourrir le monde, La Découverte, 2012.
  • Sacrée croissance !, La Découverte, 2014.
  • Le Roundup face à ses juges, La Découverte, 2017.
  • La fabrique des pandémies, La Découverte, 2021.

Filmographie

  • Sida et révolution, 26′, 1989.
  • Cuba si, Cuba no, 52′, 1990.
  • Apartheid dans le sud Tyrol, 26′, 1990.
  • Les jacqueries du bocage, 26′, 1990.
  • Mama coca, 26’, 1990.
  • La vallée des centenaires, 26′, 1990.
  • Ça n’arrive qu’ailleurs, 26′, 1992,
  • Voleurs d’organes, 52′, Planète Câble/Canal+ Espagne/ARD, 1993.
  • Cuba, l’histoire d’un mythe, 2 x 52′, 1994.
  • Le plus bel endroit du monde, 26’, 1994.
  • Voleurs d’yeux, 40′, M6, 1995.
  • Le théâtre des mules, 52′, 1995.
  • Le guérillero des laboratoires, 52′,1995.
  • Mon père, le Che, 62’, 1997
  • La faillite des paysans, 26′, 1997
  • Les cent photos du siècle, de février 1998 à février 2000 sur Arte.
  • Petites et grande histoire du stade de France, 90’, 1998.
  • La révolte des femmes battues, 75′, 2000.
  • Paroles de flics, 52′, 2000.
  • Cuba: l’île aux trésors, 52′, 2001.
  • Paroles d’agents, 52’, 2001.
  • Paroles de profs, 52’, 2001.
  • L’ère du soupçon, 52′, 2002.
  • Escale à Cuba, 75′, 2002.
  • Escadrons de la mort, l’école française, 60’, 2003, CANAL+/Arte.
  • Chasse au pédophile : quand la rumeur tue, 40’, 2004.
  • La science face au paranormal, 52′, Canal +, 2004.
  • Argentine, le soja de la faim, 26’, 2005.
  • Les pirates du vivant, 57’, Arte, 2005.
  • Blé : chronique d’une mort annoncée ?, 52’, 2005.
  • On les appelait les dames du planning, 52’, 2006
  • L’école du soupçon, 52’, 2007.
  • Le Monde selon Monsanto, 108’, Arte, ONF, 2008.
  • Torture made in USA, 85’, 2009.
  • Notre poison quotidien, 113’,2010, Arte France et INA France, 2010.
  • Les déportés du libre-échange, 26′, Arte, 2011.
  • Terre souillée, 26′, M2R Films, 2012.
  • Les Moissons du futur, 96′, M2R Films, 2012.
  • Au pays du bonheur national brut, M2R Films, 2014.
  • Sacrée croissance !, 82′, M2R Films, 2014.
  • Femmes pour la planète, 52′, 2015.
  • Sacré village !, 52’, M2R Films, 2016.
  • Qu’est-ce qu’on attend ?, 119’, M2R Films, 2016.
  • Le Roundup face à ses juges, 90′, M2R Films, Arte, 2017.
  • Du travail pour tous, France 2, 2018.
  • Nouvelle cordée, M2R Films, 2019.
  • La fabrique des pandémies, M2R Films, 2022.
Journaliste et réalisatrice
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