Avec Greenpeace et le WWF, les Amis de la Terre constituent l’une des grandes associations écologistes généralistes internationales. Pionnière de la bataille écologiste – elle a fêté ses 50 ans en 2020 –, l’association n’a aujourd’hui plus la même stature qu’auparavant, bien que revendiquant 4000 adhérents en 2022. N’ayant ni responsables charismatiques, ni réseau dans les milieux de pouvoir et peu d’actions spectaculaires, la branche française des Amis de la Terre apparaît rarement dans les médias. Pour s’assurer un peu de visibilité, les ATF s’associent à de nombreuses campagnes avec des groupes comme Alternatiba, ATTAC, le Réseau Sortir du nucléaire ou des syndicats comme la Confédération paysanne, leur permettant d’avoir un impact non négligeable. L’ancrage sur le territoire, avec 26 groupes locaux, constitue aussi un atout des ATF. Son slogan est : «Mobiliser, résister, transformer».
En France, les campagnes des Amis de la Terre portent principalement sur les questions de climat mais aussi sur les thèmes responsabilité des acteurs financiers, responsabilité des entreprises et industries extractives, nucléaire, forêts, agriculture, déchets. Idéologiquement, les ATF considèrent «que seul un mouvement massif permettra de renforcer le rapport de force nécessaire pour changer le système, et celui-ci doit s’ancrer dans la radicalité, à savoir mener des actions permettant de transformer notre système à la racine». L’association dénonce «les impacts du système capitaliste actuel et de la société de surconsommation qui en découle» car ils «impactent de manière irrémédiable notre planète et les populations». En conséquence, ils proposent une vision radicale de la société, reposant sur la décroissance : «La notion de croissance durable, verte ou non, est un oxymore et une solution marketing visant à permettre la poursuite d’un modèle de développement insoutenable.» Constatant «qu’il est illusoire de vouloir découpler la croissance économique de ses impacts sur la biosphère», les ATF «participent pleinement du mouvement pour la décroissance. La décroissance, c’est d’abord la dé(-)croissance, c’est à dire la nécessité pour tout être humain de se libérer de l’imaginaire de la croissance.» Ils veulent aussi définir, pour chaque type de ressource, «un seuil minimum et un plafond maximum de consommation». Malgré des positions radicales, les ATF ont collaboré au Grenelle de l’Environnement, bénéficient d’un financement public conséquent et siègent au Conseil économique, social et environnemental.
En perte de vitesse ces dernières années, les ATF entendent s’orienter vers un «nouveau projet» et une «nouvelle réorganisation». Constatant qu’ils n’ont «pas encore su trouver et imposer (leur) identité» dans le paysage digital, les ATF tentent de mettre en place une nouvelle stratégie de communication, notamment avec la refonte de leur site Internet, une présence accrue sur les réseaux sociaux, des vidéos courtes et des actions terrains «de plus en plus relayées par les médias».
Association de la loi 1901, créée en 1970. Elle est agréée pour la protection de l’environnement depuis 1978. Les ATF sont une fédération qui forme un réseau de 26 groupes locaux autonomes, dont certains sont constitués en association pouvant récolter des adhésions.
Les ATF sont la branche française de l’association américaine Friends of the Earth (FOE), fondée elle-même en 1969 par David Brower. Il s’agit à l’origine de l’une des premières véritables organisations écologistes militantes dont l’objectif ne consistait plus à préserver la faune et la nature mais à combattre la société industrielle. Les ATF ont joué un rôle important dans les années 70, notamment en publiant en français le livre malthusien radical La Bombe P de Paul Ehrlich, en s’impliquant dans la lutte antinucléaire puis en organisant la campagne présidentielle du premier candidat écologiste, René Dumont, en 1974. La branche française a perdu de sa splendeur dans les années 80-90 et essaye de se relancer depuis quelques années.
Campagnes : En France, les Amis de la Terre mènent au niveau national de multiples campagnes sur diverses thématiques comme l’alimentation et l’agriculture, la surproduction, climat-énergie, finances et multinationales, la lutte contre les lobbies, les forêts, etc. Les activités de lobbying ou d’expertise sont le plus souvent effectuées par les Friends of the Earth Europe, répercutées ensuite en France.
En 2021-2022, les principales campagnes des ATF sont : «Total, rendez-vous au tribunal», «Banques et climat : le compte n’y est pas», «Amazon solde le climat»,«La terre aux paysan·nes, l’agro-industrie hors champ !», «Pas un euro d’argent public pour les énergies fossiles», «Mode : une tendance destructrice»,«Engrais chimiques : merci et au revoir !», «Société générale, plein gaz sur les fossiles», «Vers un traité à l’ONU»,«Devoir de vigilance : une loi pionnière contre l’impunité des multinationales».
Entre 2008 et 2015, les ATF ont organisé en partenariat avec Peuples Solidaires et le CRID, les Prix Pinocchio du développement durable afin de «récompenser trois grandes entreprises françaises qui abusent, dans leur communication, d’arguments “verts” et d’approches volontaires inefficaces quand la réalité de leurs pratiques sur le terrain – notamment dans les pays du Sud, laisse à désirer». Cet événement bénéficiait d’une bonne couverture médiatique. En 2020, les ATF ont organisé une édition agriculture du Prix Pinocchio, en partenariat avec la Confédération paysanne.
Publications : Depuis 1971, l’association publie tous les trois mois La Baleine (6000 exemplaires en 2019), le «plus vieux journal écologiste militant».
Les ATF publient régulièrement des notes de presse et des rapports (16 en 2022), dont par exemple GNL : vers le chaos climatique, Agriculture, alimentation et guerre en Ukraine : un décryptage en 11 questions, Du gaz sur le feu : la crise au Mozambique, Pour une transition juste : visions et attentes des travailleur·ses du secteur pétrolier et gazier en France, Comment obliger les multinationales à réellement respecter l’environnement et le climat.
Formations : Depuis 2017, les ATF coorganisent le Camp Climat, avec Alternatiba et Action Non-Violente COP21, associations affiliées à la Fédération. Pour eux, cela permet «de former massivement de nouvelles personnes souhaitant s’impliquer activement au sein du mouvement climat et ainsi de renforcer les groupes locaux existants». En 2020, il y a eu une édition décentralisée, avec 18 Camps Climat régionaux, avec près de 2400 personnes formées. En 2021, plus de 2100 personnes dans 19 villes de France auraient bénéficié «de centaines de formations pratiques et théoriques, pour participer activement au mouvement pour le climat et la justice sociale».
Lobbying : Les ATF déclarent dépenser annuellement entre 75.000 et 100.000 euros depuis 2017, pour des activités de lobbying auprès des députés et sénateurs. L’association a déclaré 3 actions de lobbying en 2021 (contre 5 en 2020, 13 en 2019, 6 en 2018 et 3 en 2017). Au niveau européen, les ATF ont déclaré avoir dépensé entre 50.000 et 99.999 euros dans des activités de lobbying. En 2007, l’association a participé activement au Grenelle de l’Environnement et a également été présente aux Conférences environnementales depuis 2012. Les ATF sont représentés au Conseil économique, social et environnemental.
Contentieux : En 2015, par exemple, les Amis de la Terre et huit autres organisations ont déposé un recours pour obtenir un moratoire sur la vente et la culture des «OGM cachés». En juillet 2017, après 11 ans de combat, les ATF ont obtenu un arrêt du Conseil d’État enjoignant le gouvernement «de prendre des mesures relatives à la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire, en particulier en matière de concentrations excessives de particules fines et de dioxyde d’azote, et ce, dans les plus brefs délais». En avril 2019, rejet par le Conseil d’Etat du recours déposé par les ATF en 2018 contre le Conseil constitutionnel, «pour que la transparence soit faite sur le poids des lobbies dans ses décisions». En octobre 2019, les ATF et cinq autres associations lancent une action en justice pour dénoncer un projet pétrolier de Total en Ouganda. Suite à un recours contre Total en 2018, le tribunal administratif de Marseille prononce en 2021 une annulation partielle de l’autorisation de la raffinerie de La Mède et oblige Total à prendre en compte les impacts de son approvisionnement en huile de palme.
En 2023, la concentration des bailleurs privés reste forte (environ 75% de ces subventions sont apportées par 4 bailleurs) avec en tête la Foundation for International Law for the Environment et la European Climate Foundation (56% des subventions privées).
Année | Produits | Charges | Résultat |
2023 | 1.621.924 € | 1.620.168 € | 1756 € |
2022 | 1.493.627 € | 1.481.689 € | 11.938 € |
2021 | 1.198.871 € | 1.182.442 € | 16.429 € |
2020 | 1.151.017 € | 1.059.298 € | 91.719 € |
2019 | 1.032.433 € | 926.386 € | 106.048 € |
2018 | 993.850 € | 980.947 € | 12.903 € |
2017 | 898.888 € | 889.230 € | 9658 € |
2016 | 837.431 € | 831.359 € | 6072 € |
2015 | 892.513 € | 887.376 € | 5137 € |
2014 | 828.427 € | 826.317 € | 2110 € |
2013 | 729.674 € | 726.982 € | 2692 € |
2012 | 747.790 € | 875.240 € | -127.450 € |
2011 | 973.856 € | 934.177 € | 39.679 € |
2010 | 848.660 € | 861.155 € | -12.495 € |
2009 | 966.789 € | 950.285 € | 16.504 € |
2008 | 834.458 € | 887.907 € | -53.449 € |
2007 | 689.319 € | 670.103 € | 19.216 € |
Répartition des financements
Principales sources extérieures de financement
2023 |
Foundation for International Law for the Environment | 269.764 € |
European Climate Foundation | 235.913 € |
The Open Society Initiative for Europe | 85.334 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 75.330 € |
Ministère de l'Ecologie | 75.000 € |
Grassroots | 40.000 € |
Fondation KR | 32.333 € |
Fondation Olin | 30.000 € |
Fondation Un monde par tous | 27.734 € |
Fondation Léa Nature | 15.000 € |
Wellspring | 14.949 € |
Fondation SAGE | 14.800 € |
Institut pour la gouvernance et le développement durable | 9269 € |
ADEME | 7496 € |
2022 |
European Climate Foundation | 252.084 € |
Foundation for International Law for the Environment | 110.600 € |
The Open Society Initiative for Europe | 102.351 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 96.670 € |
Ministère de l'Ecologie | 92.489 € |
Fondation Gould Family | 44.224 € |
Fondation KR | 31.000 € |
Fondation Olin | 30.000 € |
ADEME | 30.000 € |
Grassroots | 25.000 € |
Fondation Un monde par tous | 22.266 € |
Institut pour la gouvernance et le développement durable | 22.136 € |
Fondation Léa Nature | 15.000 € |
Friends of the Earth International | 13.205 € |
Fondation SAGE | 12.764 € |
2021 |
European Climate Foundation | 227.536 € |
The Open Society Initiative for Europe | 149.737 € |
Ministère de l'Ecologie | 100.000 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 48.000 € |
Fondation Un monde par tous | 43.209 € |
Fondation KR | 31.000 € |
Fondation Olin | 30.000 € |
Grassroots | 25.000 € |
Fondation Léa Nature | 25.000 € |
ADEME | 17.500 € |
Friends of the Earth Europe | 15.000 € |
Center for climate integrity | 8211 € |
Subventions à l'emploi | 600 |
2020 |
European Climate Foundation | 194.150 € |
The Open Society Initiative for Europe | 112.218 € |
Ministère de l'Ecologie | 105.000 € |
Fondation Gould Family | 45.317 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 38.251 € |
Fondation KR | 31.000 € |
ADEME | 29.000 € |
Fondation Un monde par tous | 25.000 € |
UICN | 25.000 € |
UE DG Agri | 22.593 € |
Fondation Olin | 20.000 € |
Grassroots | 20.000 € |
Friends of the Earth Europe | 13.600 € |
Fondation Léa Nature | 7000 € |
Subventions à l'emploi | 2843 € |
2019 |
European Climate Foundation | 150.823 € |
The Open Society Initiative for Europe | 118.969 € |
Ministère de l'Ecologie | 105.000 € |
Fondation Olin | 40.000 € |
Fondation KR | 36.667 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 34.683 € |
UE DEAR | 25.785 € |
Grassroots | 25.000 € |
Fondation Un monde par tous | 25.000 € |
ADEME | 21.000 € |
UE DG Agri | 18.977 € |
Fair for Trade | 10.000 € |
UE DG EVENT "Future We Want" | 9107 € |
Subventions à l'emploi | 5893 € |
Isvara Foundation | 4500 € |
Patagonia Foundation | 4287 € |
2018 |
Ministère de l'Ecologie | 115.000 € |
BPC Kambio (Léa Nature) | 100.000 € |
European Climate Foundation | 70.000 € |
Fondation KR | 41.572 € |
Fondation Olin | 40.000 € |
Fondation Open Society | 36.378 € |
Fondation de France | 30.551 € |
ADEME | 26.300 € |
Léa Nature | 25.000 € |
Grassroots | 25.000 € |
UE DEAR | 22.815 € |
Fondation Sunrise | 20.000 € |
Fondation Abbé Pierre | 19.500 € |
UE School of sustainibility | 18.861 € |
UE DG Agri | 17.254 € |
Fondation pour le Progrès de l'Homme | 16.666 € |
Fondation un monde par tous | 10.000 € |
Fondation Rainforest Norvège | 5000 € |
Fondation Nature et Découvertes | 5000 € |
Transport & Environment | 5000 € |
Subventions à l'emploi | 4009 € |
2017 |
European Climate Foundation | 123.369 € |
Ministère de l'Ecologie | 115.000 € |
Fondation Sunrise | 54.008 € |
UE School of sustainibility | 51.179 € |
ADEME | 46.088 € |
Fondation Olin | 40.000 € |
JMG Foundation | 28.727 € |
Fondation un monde par tous | 25.000 € |
Fondation KR | 22.428 € |
Grassroot | 20.000 € |
UE DEAR | 9914 € |
Fondation Osife | 7347 € |
Fondation Abbé Pierre | 5500 € |
Région Ile-de-France | 5000 € |
Réserve parlementaire de Danielle Auroi | 5000 € |
Mairie de Paris | 4500 € |
Fondation de France | 4033 € |
Réserve parlementaire d'André Gattolin | 3000 € |
2016 |
Ministère de l'Ecologie | 115.000 € |
European Climate Foundation | 100.000 € |
UE School of sustainibility | 56.431 € |
UE Financiarisation | 37.095 € |
ADEME | 35.000 € |
JMG Foundation | 26.273 € |
Grassroot | 25.000 € |
Fondation un monde par tous | 20.000 € |
UE DEAR | 14.334 € |
Association Res Publica | 12.387 € |
Mairie de Paris | 6000 € |
Réserve parlementaire de Ronan Dantec | 5000 € |
Réserve parlementaire de Danielle Auroi | 5000 € |
Réserve parlementaire d'André Gattolin | 4000 € |
Fondation Sunrise | 3721 € |
2015 |
Ministère de l'Ecologie | 95.000 € |
UE School of sustainibility | 81.379 € |
Réseau FOEI | 72.463 € |
Fondation ECF | 70.000 € |
UE Industries extractives | 69.802 € |
UE Financiarisation | 59.247 € |
ADEME | 31.452 € |
UE DEAR | 36.344 € |
Fondation Grassroots | 30.000 € |
Conseil régional d’Ile-de-France | 25.000 € |
Rausing | 12.000 € |
Fondation un monde par tous | 10.000 € |
Réserve parlementaire EELV | 5000 € |
Réserve parlementaire sénateur EELV André Gattolin | 5000 € |
Fondation chèque déjeuner | 5000 € |
Peuples solidaires | 5000 € |
New venture fund | 4000 € |
Ministère de la Jeunesse | 3500 € |
Corporate European Observatory | 1000 € |
2011 |
Ministère de l'Ecologie | 124.000 € |
Région Ile-de-France | 100.000 € |
Charles Stewart Mott Foundation | 60.000 € |
Milieudefensie | 55.000 € |
Aides à l'emploi (IDF) | 49.733 € |
CEE Bankwatch Network | 37.069 € |
ADEME | 36.200 € |
Amis de la Terre (Rép. tchèque) | 32.762 € |
Fondation Isvara | 22.685 € |
CRID | 22.000 € |
Amis de la Terre (Autriche) | 20.760 € |
Fern | 11.251 € |
Caisse des dépôts et consignations | 10.000 € |
Amis de la Terre (Europe) | 10.000 € |
Fondation Grassroots | 9000 € |
Patagonia Foundation | 7302 € |
Fondation pour une Terre humaine | 5667 € |
Fondation de France | 5000 € |
2010 |
Ministère de l'Ecologie | 102.500 € |
Charles Stewart Mott Foundation | 92.396 € |
Milieudefensie | 66.553 € |
Aides à l'emploi (IDF) | 42.940 € |
CEE Bankwatch Network | 37.669 € |
ADEME | 30.193 € |
IUCN Pays-Bas | 25.069 € |
CRID | 22.022 € |
Agence européenne d'éducation et de formation | 18.000 € |
Fern | 11.399 € |
Amis de la Terre (Autriche) | 20.760 € |
Fern | 11.251 € |
Fondation Grassroots | 10.000 € |
Amis de la Terre (Hongrie) | 7552 € |
Coalition Eau-Eau vive | 6000 € |
Fondation pour une Terre humaine | 5667 € |
Fondation de France | 5000 € |
Réserve parlementaire (Yves Cochet) | 5000 € |
Patagonia Foundation | 3315 € |
Ministère de la Jeunesse | 3220 € |
Friends of the Earth International | 3120 € |