Corinne Lepage

Ministre de l’Environnement (1995-1997)
Présidente de CAP21/Le Rassemblement Citoyen
Fondatrice du CRIIGEN
Présidente de Women Engage for a Common Future (WECF)
Présidente de Justice Pesticides
Coprésidente du Mouvement des Entreprises de la Nouvelle Economie
Présidente des Amis de la Déclaration universelle des droits de l’humanité
Membre d’honneur de l’Institut national de l’économie circulaire
Membre du comité d’orientation de Green Cross France & Territoires
Associée fondatrice du cabinet Huglo Lepage Avocats
Marraine de la Fondation d’entreprise Ekibio

Profil

Corinne Lepage est progressivement devenue une figure familière du grand public, grâce à ses interventions régulières dans les médias. Mais sa notoriété ne lui a jamais permis de percer en politique. En effet, Corinne Lepage a longtemps essayé, sans succès, de créer un pôle écologiste au centre de l’échiquier politique, avec notamment des personnalités issues des ONG environnementales. Dernière tentative en date, le lancement en mars 2013 du Rassemblement Citoyen, un nouveau mouvement politique, qui a fusionné en décembre 2014 avec son parti CAP 21 pour devenir CAP21/LRC. Cependant, l’échec est encore au rendez-vous puisqu’aux élections européennes de 2014, le parti affiche des résultats inférieurs à 1% des voix. En janvier 2017, elle annonce son ralliement à Emmanuel Macron pour la présidentielle, expliquant notamment qu’elle peut «convaincre Emmanuel Macron d’évoluer sur le nucléaire et le diesel». Toutefois, début 2018, elle déclare qu’elle ne fait «pratiquement plus de politique aujourd’hui». D’ailleurs, son parti est plutôt moribond, sans site Internet et avec des dépenses d’environ 15.000 euros par an depuis 2015.
En janvier 2018, suite à la scission avec leurs quatre anciens associés, Corinne Lepage et son mari Christian Huglo ont créé de leur côté un nouveau cabinet : Huglo Lepage Avocats. Leur ambition est de faire graviter autour de leur cabinet des structures associatives comme Justice Pesticides, présidée par Corinne Lepage, ou Pesticide Action Network Europe et Asie, avec à terme la volonté de faire «le procès du glyphosate d’une manière ou d’une autre !» Constatant que «les procès sanitaires font actuellement florès dans le monde», l’ancienne ministre semble aujourd’hui davantage investie dans son métier d’avocate. Elle estime que «pour sauver leur vie et celle de leurs descendants, les humains contemporains, et en particulier les jeunes, n’ont d’autre choix que d’ouvrir un débat que les industriels veulent éviter et obtenir par la voie judiciaire, soit l’interdiction des produits imposée aux pouvoirs publics, soit la condamnation à la réparation des victimes dont le coût est si prohibitif que le résultat ne peut être que la disparition du produit». Elle ajoute que «la plupart des gouvernements ou tout au moins tous les gouvernements, à quelques exceptions près, ont fait le choix de privilégier les intérêts économiques de la chimie, de l’agro-semence et plus largement de toutes les firmes qui vendent à la fois les poisons et les médicaments au détriment de la prévention et de la santé publique».
Concernant son idéologie, elle est éloignée des courants malthusiens et de la gauche écologiste. Pour se démarquer d’EELV, elle a d’ailleurs adopté une critique agressive vis-à-vis du parti écologiste, comme en juin 2015, quand elle a déclaré qu’EELV «affiche une attitude déplaisante, construite autour d’une écologie moralisatrice et punitive, doublée d’une dérive gauchiste». Quand on lui demande quels sont les hommes ou femmes politiques qui inspirent son action politique, elle cite Simone Veil, Raymond Barre, Vaclav Havel et Pierre Mendès-France, mais aucune personnalité proche de l’écologie politique. En revanche, elle se dit inspirée par l’essayiste américain Jeremy Rifkin. Pour elle, «la vision de Jeremy Rifkin, celle d’une troisième révolution industrielle qui associe énergie et Internet, est séduisante». Elle est donc clairement opposée au point de vue des décroissants, défendant même une «écologie industrielle» ou une «croissance verte». Ainsi, sur le développement économique, elle déclare : «S’il y a un a priori anticapitaliste et antilibéral, je ne suis pas pour. Je suis contre le capitalisme financier, pas entrepreneurial. Contre le néolibéralisme, pas contre le libéralisme, qui n’est pas un gros mot, car il parle aussi de libertés. La décroissance… ça ne me plaît pas trop. La croissance infinie non plus. Je suis pour “l’évolution soutenable”.»
Elle a aussi un fort engagement sur la laïcité, la défense des libertés individuelles et la lutte anticorruption. Concernant les thèmes écologistes, elle adopte souvent des positions radicales, comme sur les OGM ou sur les pesticides. Mais elle essaye de se démarquer des écologistes traditionnels en évitant tout discours idéologique. Ses arguments sont soit d’ordre scientifique, d’où le rôle du CRIIGEN sur la question des OGM et son insistance pour des expertises indépendantes, soit d’ordre juridique, d’où ses activités d’avocates et son insistance pour que les débats sur les choix technologiques se calquent sur les débats judiciaires. Ainsi, sur le nucléaire, elle a une approche sur la question plus modérée que les autres écologistes. Certes, elle pense qu’il faut baisser à terme la part de production d’électricité d’origine nucléaire et augmenter celle des énergies renouvelables, mais elle considère aussi que «la France ne peut pas se passer du nucléaire». De plus, quand elle s’oppose à l’EPR, c’est avant tout avec des arguments économiques et non écologiques.

Parcours

Née en 1951 à Boulogne-Billancourt, Corinne Lepage poursuit des études à Sciences-Po et, après un doctorat en droit public, devient avocate en 1975. Trois ans plus tard, elle fonde le premier cabinet d’avocats spécialisés dans le droit de l’environnement avec son mari, Christian Huglo. Ce dernier n’a jamais eu des actions écologistes militantes publiques, mis à part sa signature de l’appel à la création d’Ecoropa en 1976 aux côtés de Teddy Goldsmith, Jean-Marie Pelt, Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, René Dumont…, ou la création en 2014 de la très peu active association Transversalité, écologie, humanisme et spiritualité. Pour sa part, Corinne Lepage est rapidement propulsée sur le devant de la scène publique en prenant en 1978 la défense des communes victimes de la marée noire dans l’affaire de l’Amoco Cadiz. Corinne Lepage obtiendra un jugement favorable en 1992. De même sur la question des OGM, elle défend en 1998 l’association Ecoropa devant le Conseil d’Etat pour obtenir la suspension de la commercialisation des trois premières variétés de maïs transgéniques. Ou encore en juin 2009, elle défend Générations Futures face aux poursuites intentées par la Fédération nationale des producteurs de raisins de table (FNPRT). En janvier 2018, suite à la scission avec leurs quatre anciens associés, Corinne Lepage et Christian Huglo créent de leur côté un nouveau cabinet : Huglo Lepage Avocats.
Parallèlement à ses activités au cabinet Huglo-Lepage, Corinne Lepage mène des activités militantes et politiques. Elle est candidate écologiste aux législatives de 1981, et elle est élue, en 1989, membre du conseil municipal de Cabourg (Calvados). En 1990, elle est membre fondatrice de Génération Ecologie aux côtés de Brice Lalonde et Jean-Louis Borloo. En 1993, elle se présente aux élections législatives dans le Calvados, mais avec un score médiocre. A la même période, elle devient membre de deux commissions administratives : le Conseil national du Bruit (1989-1994) et Écologie et action publique (1990-1991). En 1995, elle accepte la proposition d’Alain Juppé de prendre en charge le ministère de l’Environnement. L’année suivante, elle crée un club de réflexion baptisé «Citoyenneté Action Participation pour le XXIème siècle» (CAP 21). La dissolution de 1997 met fin à son expérience ministérielle mais elle poursuit ses activités aussi bien militantes que professionnelles. Ainsi, sur le modèle de la CRIIRAD, créée par son amie Michèle Rivasi, elle fonde en 1999, et préside, le Comité de Recherche et d’Informations Indépendantes sur le Génie Génétique (CRIIGEN), avec notamment Gilles-Eric Séralini et Jean-Marie Pelt, afin de dénoncer les risques environnementaux et sanitaires liés à la diffusion des OGM. En juin 2000, elle transforme CAP 21 en parti politique et se présente, deux ans plus tard, à la présidentielle où elle récolte 1,88% des suffrages. Aux élections régionales de 2004, elle est à la tête de la liste départementale de Paris sur la liste d’André Santini (UDF) mais ne se présentera pas au 2e tour en raison de la fusion avec la liste de l’UMP. En septembre 2006, elle réunit Nicolas Hulot, Yann Wehrling, Dominique Voynet, Serge Orru, Philippe Desbrosses, Michèle Rivasi, Allain Bougrain-Dubourg, Dominique Belpomme, Jean-Marie Pelt, Gilles-Eric Séralini, etc., dans le but de rassembler les écologistes de différents horizons. Cette tentative se soldera par un échec. Lors de l’élection présidentielle de 2007, elle soutient François Bayrou à l’élection présidentielle. Dans la foulée, CAP 21 devient membre fondateur du Mouvement Démocrate (MoDem) et Corinne Lepage est alors nommée vice-présidente du MoDem. Fin 2007, Jean-Louis Borloo la charge de rédiger deux rapports suite au Grenelle de l’Environnement concernant un projet de loi sur l’information environnementale, l’expertise contradictoire, la protection des lanceurs d’alerte et la responsabilité des entreprises, d’une part, et sur la question de l’expertise, d’autre part. Aux élections européennes de 2009, Corinne Lepage a été élue sur une liste Modem conduite par elle dans la région Nord-Ouest, avec 8,67% des voix. Elle est devenue première vice-présidente de la Commission environnement du Parlement européen. En octobre 2009, elle crée un nouveau club de réflexion – Terre Démocrate. En mars 2010, elle annonce son départ du Modem et tente un rapprochement avec Europe Ecologie. En septembre 2010, elle est désignée «comme rapporteure au Parlement Européen pour la modification de la directive européenne 2001/18 sur les OGM disséminés dans l’environnement». Le 4 octobre 2011, elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle mais elle n’arrive pas à réunir les 500 parrainages d’élus nécessaires. En 2012, elle fonde l’association Essaim. En avril 2012, elle appelle à voter François Hollande. Suite à la publication en septembre 2012 d’une étude réalisée par Gilles-Eric Séralini sur des rats nourris pendant 2 ans avec un maïs OGM, Corinne Lepage est en première ligne pour s’opposer aux détracteurs de l’étude. Le 24 mars 2013, Corinne Lepage lance un nouveau mouvement politique – Le Rassemblement Citoyen – qui fusionne en décembre 2014 avec CAP 21. Aux élections européennes de 2014, elle n’obtient que 2,28% des voix sur la liste Europe Citoyenne et n’est donc pas réélue. En janvier 2015, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal confie à Corinne Lepage «une mission sur la transition économique pour les acteurs du Nouveau Monde». En février 2015, Corinne Lepage annonce mener une action collective afin de contester les tarifs élevés des péages sur cinq portions d’autoroutes en France. Début juin 2015, le président François Hollande mandate Corinne Lepage pour préparer une Déclaration universelle des droits de l’Humanité, en prévision du sommet des Nations unies sur le climat (COP21). Fin juin 2015, Corinne Lepage présente son rapport sur L’économie du nouveau monde, en compagnie de Jeremy Rifkin. En octobre 2015, elle remet au président de la république un rapport en vue de la rédaction d’une Déclaration universelle des droits de l’Humanité. Début novembre 2015, elle reçoit le Prix du Livre politique 2015 du Barreau de Paris pour son livre Les Mains propres. Fin novembre 2015, elle devient la présidente de Women Engage for a Common Future (WECF), une association fondée en 1994 «afin de faire entendre la voix des femmes dans le développement durable et la politique environnementale». Au même moment, elle devient présidente-fondatrice du Mouvement des Entreprises de la Nouvelle Economie, une structure de lobbying qui vise à faire modifier les règles du jeu «pour permettre un changement d’échelle des nouveaux modèles économiques», entre autres en relançant le débat sur la fiscalité écologique. En janvier 2016, elle est élue présidente de 2° Investing Initiative, un think-tank multi-acteurs qui a notamment pour objectif d’«aligner les processus d’investissement des institutions financières avec les scénarios climatiques +2°C». En avril 2016, elle lance avec d’autres personnalités (Jean-Marie Cavada, Claude Posternark, Alexandre Jardin…) La Primaire des Français, qui a pour but de désigner un candidat issu de la société civile à l’élection présidentielle de 2017. Sans succès puisque leur pétition n’a réuni qu’environ 75.000 signatures de soutien sur les 500.000 signatures espérées au départ. En octobre 2016, elle est chargée de l’ouverture du Tribunal Monsanto à La Haye. En janvier 2017, elle annonce son ralliement à Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle. En septembre 2017, elle annonce le lancement d’une association et d’un site internet baptisés «Justice Pesticides», qu’elle présente comme «un outil d’information et de coopération des victimes des pesticides grâce à une base de données juridiques permettant d’agir».
Ayant délaissé ses ambitions politiciennes, Corinne Lepage est davantage investie dans les prétoires. Ainsi, pour le CRIIGEN, elle a fait annuler l’autorisation de mise sur le marché du Roundup pro 360 en janvier 2019. Au même moment, avec Damien Carême (EELV), elle lance une action juridique contre l’Etat pour inaction climatique. En juillet 2019, elle fait partie d’un collectif d’avocats défendant les opposants au compteur Linky. En septembre 2019, elle a lancé une procédure en justice sur l’ incendie dans l’usine Lubrizol à Rouen. Elle a aussi défendu plusieurs communes ayant pris un arrêté antipesticides.
Parmi ses autres activités, on peut mentionner qu’elle a enseigné à la chaire de développement durable de Sciences-Po et à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle est aussi engagée contre la corruption, en tant qu’administratrice, par le passé, de Transparence International et d’Anticor.
En janvier 2001, elle a été faite chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur.

Bibliographie

  • Code annoté de procédures administratives contentieuses, 1990.
  • Les Audits d’environnement, 1992.
  • On ne peut rien faire, madame le Ministre, 1998.
  • Bien gérer l’environnement, une chance pour l’entreprise, 1999.
  • La Politique de précaution, en coll. avec François Guéry, 2000.
  • Oser l’espérance, 2001.
  • De l’Écologie hors de l’imposture et de l’opportunisme, collection Temps critique, 2003.
  • Santé & Environnement : l’ABCdaire, 2005.
  • J’arrive, sous le pseudonyme de Catherine Médicis, 2005.
  • Ecoresp 2006, 2006.
  • L’Entreprise responsable. Sociale, éthique, “verte”… et bénéficiaire ?, de Cécile Jolly, préface de Corinne Lepage, Éd. du Félin, 2006.
  • Et si c’était elle, roman de politique fiction. Éditions Michalon, 2006
  • Constitution pour une nouvelle République, 2006.
  • On efface tout et on recommence sous le pseudonyme de Catherine Médicis, 2006.
  • Vivre autrement, Grasset, 2009.
  • Entre colère et espoirs, 2009.
  • Sans le nucléaire, on s’éclairerait à la bougie, en collaboration avec Jean-François Bouvet, Seuil, 2010.
  • La vérité sur le nucléaire, Éditions Albin Michel, 2011.
  • A vos droits citoyens !, Ilv Bibliotheca, 2011.
  • La vérité sur le nucléaire : Le choix interdit, Albin Michel, 2011.
  • Déficit public: Le patrimoine des Français en péril, Archipel, 2011.
  • La vérité sur les OGM, c’est notre affaire !, Ed. Charles-Léopold Mayer, 2012.
  • L’Etat nucléaire, Albin Michel, 2014.
  • Les mains propres, Autrement, 2015.
  • Atlas mondial du nucléaire, Autrement, 2015.
  • Tous président !, Éditions Les Liens qui libèrent, 2016.
  • À bout de confiance. De la morale en politique, Autrement, 2017.
  • Nos batailles pour l’environnement, avec Huglo Lepage, Actes Sud, 2021.
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