André Cicolella

Président du Réseau Environnement Santé (RES)
Administrateur du Rassemblement pour la planète
Administrateur de la Maison des lanceurs d’alerte
Membre de la Commission Santé d’EELV
Ancien conseiller scientifique à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS)

Profil

Avec la création en 2009 du Réseau Environnement Santé (RES), André Cicolella est devenu l’un des principaux lobbyistes en ce qui concerne les problèmes santé-environnement, sur les perturbateurs endocriniens en général et sur le Bisphénol A en particulier. En étant discret sur son engagement militant auprès des écologistes (à Europe Ecologie-Les Verts notamment), il se donne une image modérée, lui permettant d’être un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et des médias. Il a ainsi pu également tisser des partenariats, comme celui conclu en 2010 avec la Mutualité Française. Toutefois, sa vision est alarmiste, n’hésitant pas à prédire la fin de l’espèce humaine d’ici 35 à 45 ans en l’absence de mesures de santé environnementale : «La crise sanitaire est une composante de la crise écologique et elle doit être traitée comme telle et au même niveau. Si on ne fait rien, nous nous acheminons pour 2050 ou 2060 vers une disparition de l’espèce humaine.»
Plus généralement, André Cicolella prétend lancer une nouvelle révolution dans la santé. Il considère, à l’instar de Dominique Belpomme et Gilles-Eric Séralini, que «les maladies dominantes sont la conséquence de l’activité humaine» et n’hésite pas à utiliser des formules chocs, par exemple du type «nous sommes tous chimiquement contaminés». Il estime que les maladies chroniques, comme le cancer, le diabète et l’obésité, ont principalement comme cause l’environnement. Certes, il précise que c’est l’environnement au sens très large, c’est-à-dire «tous les facteurs de risque non génétiques: alimentation, mode de vie, environnement physique, chimique, biologique, psychique, médical,…», mais il joue sur l’amalgame entre les termes «environnement» et «pollution». Bien qu’il offre une image de scientifique modéré, en affirmant par exemple «qu’on ne peut pas se passer de chimie, mais qu’on peut utiliser la chimie de façon beaucoup plus saine», il propose toutefois «de développer et d’organiser une expertise à partir du mouvement citoyen, pour nous opposer aux travaux et aux expertises des pouvoirs publics», ajoutant : «Nous devons opérer une critique des sciences productivistes essentiellement tournées sur l’obtention économique de résultats.» De même, il affirme que «le problème n’est pas d’opposer naturel et synthèse. Une substance comme l’amiante est naturelle. Le risque vient des conditions de son utilisation. (…) L’effet perturbateur endocrinien, par exemple, doit être évalué, pour toutes les substances, naturelles ou pas.» Cependant, il cible principalement les produits issus de la chimie de synthèse.
En 2016, l’épidémiologiste Catherine Hill critique sévèrement André Cicolella, suite à la médiatisation de son livre Cancer du sein, en finir avec l’épidémie, dans lequel il attribue «l’explosion de cancers du sein» aux substances chimiques qui se trouvent dans notre environnement. Elle explique notamment qu’«en France, depuis 2004, à taille de population égale et à âge égal, la fréquence du cancer du sein diminue», et ajoute : «Il est vraiment dangereux de propager des idées fausses, car la population ne peut plus alors faire des choix éclairés. Elle pourrait, par exemple, croire que la pollution augmente tellement les risques de cancer que ce n’est pas la peine d’arrêter de fumer, alors que le tabac tue un consommateur régulier sur deux. Les fausses alertes peuvent aussi influencer les politiques de santé publique dans de mauvaises directions.»
Lui-même se présentant comme lanceur d’alerte, André Cicolella est aussi impliqué pour faire reconnaître la situation du lanceur d’alerte et pour lui accorder une protection juridique. Il dénonce par ailleurs régulièrement les conflits d’intérêts chez les experts censés évaluer les risques au sein des instances officielles.
Enfin, André Cicolella a pu compter sur le soutien de certains députés, avant leur défaite lors des élections législatives de 2017. Il s’agit en particulier de l’ancien député socialiste Gérard Bapt, qui était alors président du Groupe Santé Environnementale à l’Assemblée nationale, avec lequel André Cicolella a organisé de multiples colloques sur la santé environnementale. C’est d’ailleurs Gérard Bapt qui a été à l’origine de la proposition de loi demandant l’interdiction du Bisphénol A, adoptée en octobre 2011 et présentée comme une victoire d’André Cicolella et du RES. André Cicolella est également proche de l’ancien député écologiste Jean-Louis Roumégas, avec qui il avait notamment travaillé sur les lanceurs d’alerte ainsi que sur les perturbateurs endocriniens.

Parcours

Né le 14 novembre 1945, André Cicolella est ingénieur chimiste spécialisé dans les risques sanitaires Engagé en 1971 par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) à Nancy, il y a dirigé une unité d’évaluation du risque chimique avant d’être nommé chargé de projet auprès du Directeur Etudes et recherche. En 1993, il se rend aux Etats-Unis pour se former à l’évaluation des risques auprès du National Institute of Occupational Safety and Health (NIOSH). L’année suivante, il dénonce publiquement les dangers des éthers de glycol, sujet sur lequel il travaillait au sein de l’INRS. Son contrat de travail est alors rompu pour «faute grave». En octobre 2000, la Cour de cassation le rétablit dans ses droits en reconnaissant le caractère abusif de son licenciement. Il travaille depuis 1994 à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS), en tant que responsable de l’Unité Evaluation des Risques Sanitaires. Là, il est chargé en 2000 d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux résultant du naufrage de l’ERIKA et des opérations de nettoyage des côtes. Il anime aussi, dès 2002, le réseau RSEIN (Recherche Santé Environnement Intérieur) et devient le directeur de publication d’Info Santé Environnement Intérieur jusqu’en 2012. En 2007, il est coordinateur du programme Cancer Inégalités Régionales Cantonales Environnement, toujours au sein de l’INERIS. André Cicolella a longtemps présidé la Commission Santé des Verts, et en est encore membre pour Europe Ecologie-Les Verts. Il se présente comme l’initiateur de la création de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (AFSSE) avec le député Verts André Aschieri. Toutefois, il critique les évaluations de cette Agence car elle ne correspond pas à ce qu’il en avait souhaité.
En 2002, il participe à la création de la Fondation Sciences Citoyennes dont il prend la présidence avant de laisser la place plus tard à Jacques Testart. En 2007, il a été présent dans le Groupe «Santé et environnement» du Grenelle de l’environnement. En février 2009, il lance, avec François Veillerette, le Réseau Environnement Santé, dont il devient le président. En octobre 2010, il devient administrateur de Health and Environment Alliance jusqu’en septembre 2012. Dans la perspective de la Conférence Environnementale organisée par le gouvernement en septembre 2012, il participe à la création du Rassemblement de la planète. Fin 2012, il devient membre du comité scientifique de Notéo, un site de notation de produits de grande consommation sur les critères santé, environnement, social et budget. En 2013 et en 2016, il fait la une de L’Obs, chaque fois à l’occasion de la sortie d’un nouvel ouvrage.
Avec la complicité du député socialiste Gérard Bapt et du député écologiste Jean-Louis Roumégas, il a organisé régulièrement des colloques à l’Assemblée nationale, comme en 2010 sur les Perturbateurs endocriniens, en 2013 sur le thème «Environnement Chimique, Obésité, Diabète», en 2014 sur la «Crise sanitaire des Maladies Chroniques» et en 2015 sur «Les pathologies neuro-développementales et l’environnement».

Bibliographie

  • Alertes santé, experts et citoyens face aux intérêts privés, avec Dorothée Benoit-Browaeys, édition Fayard, 2005.
  • Le défi des épidémies modernes, comment sauver la Sécu en changeant le système de santé, édition La Découverte, 2007.
  • Notre environnement c’est notre santé, avec Françoise Bousson, 2012.
  • Toxique planète, le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, 2013.
  • Cancer du sein : en finir avec l’épidémie, Editions des Petits Matins, 2016.
  • Les Perturbateurs endocriniens en accusation – Cancer de la prostate et reproduction masculine, Editions des Petits Matins, 2018.
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