Eric Piolle

Maire EELV de Grenoble

Peu connu de l’opinion publique, Eric Piolle a commencé à faire parler de lui quand il a remporté la mairie de Grenoble en 2014. Fort de sa réélection confortable en 2020, il affiche désormais des ambitions nationales, en étant candidat à la primaire écologiste en vue de l’élection présidentielle. Il affiche clairement ses ambitions : «Mon but c’est la conquête du pouvoir.» Toutefois, il ne termine que quatrième, avec 22,29% des voix.
Sur son engagement, Eric Piolle confie que sa conscience écologique est née tardivement, au début des années 2000, à la lecture du livre La guerre du carbone, écrit par un directeur de Greenpeace et qui dénonce «notamment le lobbying des multinationales». Concernant les lectures qui ont nourri son engagement ou ses réflexions, il ne cite pas des figures de l’écologisme mais Georges Bataille, Réné Girard, Edgar Morin, Françoise Héritier ou Michelle Perrot. Et il rejoint Europe Ecologie qu’en novembre 2009, après l’excellent résultat de cette formation à l’élection européenne cinq mois auparavant. Cadre dirigeant dans l’industrie pendant près de vingt ans, notamment au sein du groupe informatique Hewlett-Packard, son engagement est donc ancré dans des problématiques économiques et sociales plus que dans «l’urgence écologique». D’ailleurs, son mentor n’est pas non plus issu de l’écologie politique, puisqu’il s’agit de son ami Pierre Larrouturou, homme politique ardent partisan du partage du temps de travail.
De façon générale, Eric Piolle estime que «la justice environnementale est compatible avec l’économie de marché mais pas avec avec le capitalisme et l’ultralibéralisme». Il considère toutefois que «nous n’avons pas intérêt à ce que la bascule soit trop brutale». Il précise : «Nous travaillons sur une conversion radicale et pragmatique à la fois.» Pour y arriver, il propose de «fédérer l’arc humaniste pour porter un projet de transformation qui part du sens et qui réintroduit la spiritualité dans la politique comme un vecteur de transformation et qui vient recomposer un contrat social et une mythologie positive commune.» Il se félicite qu’«il y a une gauche en mutation, celle qui était productiviste, croissanciste, centrée et organisée sur la redistribution de la croissance : elle est en train d’évoluer en se rendant compte que ça ne marche pas dans la mesure où cela fait 40 ans qu’il n’y a plus de croissance.» Concernant la décroissance, il botte en touche en déclarant : «C’est une religion la croissance et moi je suis agnostique dans ce domaine. Etre croissant ou décroissant cela fait partie de la même religion…»
Sur la question spirituelle qu’il juge essentielle, il se définit comme «non-croyant mais pratiquant» et considère L’Évangile comme «“moteur spirituel” dans l’action politique». Enthousiasmé par les prises de position du pape François sur les questions économiques et environnementales, il conçoit l’Eglise catholique comme un espace possible de contestation du système capitaliste se décrit volontiers comme un «compagnon de route du christianisme».
En 2015, une polémique a été lancée sur le décalage entre son discours public et sa vie privée. En effet, le journal grenoblois Le Postillon a révélé l’histoire de Raise Partner, une start-up cofondée par Eric Piolle qui «travaille dans l’optimisation fiscale» et dont certains clients sont basés dans des paradis fiscaux. Or le maire de Grenoble a gardé des actions de cette entreprise et sa femme y travaille toujours. Il a néanmoins minimisé cette affaire, expliquant qu’il voulait «changer le système de l’intérieur» et que, par ailleurs, il était actionnaire du groupe HP, son ancien employeur, «à une toute autre échelle qu’avec Raise Partner», et «qui a sans doute aussi des liens avec les paradis fiscaux».

Né en 1973, Eric Piolle suit ses études secondaires dans les Pyrénées-Atlantiques. Lecteur du Canard enchaîné depuis la 6e, il fonde dans les années 1980 une antenne de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne dans son lycée et devient membre d’Amnesty International. Il se rend ensuite à Grenoble pour poursuivre des études supérieures à Grenoble INP – Génie industriel.
En 1997, son cousin éloigné et ami Pierre Larrouturou lui confie l’investiture de son «Union pour la Semaine de Quatre Jours» aux élections législatives de la 8e circonscription de l’Isère. Eric Piolle obtient 1,3 % des suffrages exprimés.
De 1996 à 2001, il exerce diverses responsabilités dans une usine grenobloise de transformation de papier. En 2001, Eric Piolle rejoint le groupe informatique Hewlett-Packard. La même année, il cofonde l’entreprise Raise Partner avec François Oustry, une société spécialisée en gestion de risques financiers, et où sa femme Véronique est également engagée.
En 2002, Eric Piolle se présente aux élections législatives comme suppléant de Sabrina Victor au sein de la liste Nouvelle Donne, une initiative de Pierre Larrouturou, et obtient 0,44%, tandis que sa femme Véronique, candidate de cette même formation, obtient 0,7% des suffrages. Il fonde en 2005 un collectif de soutien aux enfants de familles sans-papiers adossé au Réseau Éducation Sans Frontières. En 2007, il prend la direction du pôle logistique services pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique de Hewlett-Packard. En novembre 2009, il rejoint Europe Ecologie en tant que membre de la société civile. En mars 2010, il est élu conseiller régional Europe Ecologie en 9e position sur la liste d’Union de la gauche en Isère. Il préside alors le groupe des élus écologistes de la région Rhône-Alpes entre 2010 et 2013. En février 2011, il est licencié par Hewlett-Packard pour avoir refusé de mettre en place un plan de délocalisation. En 2012, il est cofondateur du collectif Roosevelt aux côtés d’Edgar Morin, Pierre Larrouturou, Bruno Gaccio, Stéphane Hessel, Susan George… «pour une transformation sociale et écologique de l’économie». En juin 2012, il est candidat aux législatives dans la 1ère circonscription de l’Isère sous la bannière EELV et obtient 7,7% des suffrages exprimés. En 2014, avec 40,02% des voix, Eric Piolle est élu maire de Grenoble, avec sa liste «Grenoble, Une ville pour tous» soutenue par le Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (EELV, Parti de gauche, Les Alternatifs, la Gauche anticapitaliste…). Début 2017, Eric Piolle est à la manœuvre pour tenter de convaincre Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Yannick Jadot de renoncer au profit de Nicolas Hulot. En avril 2017, il annonce qu’il votera pour Jean-Luc Mélenchon en dépit du ralliement d’EELV à la candidature de Benoît Hamon. En juin 2020, il est réélu maire de Grenoble avec 53,1% des voix. Début 2021, il lance sa plateforme «Une certaine idée de demain». En juin 2021, Eric Piolle se porte officiellement candidat à la primaire écologiste, notamment soutenu par Eva Joly, David Cormand et Esther Benbassa. Le 19 septembre, il ne termine que quatrième de la primaire, avec 22,29% des voix.

  • De l’espoir ! : Pour une république écologique, Les Liens qui Libèrent, 2021.
  • Grandir ensemble : Les villes réveillent l’espoir, Les Liens qui Libèrent, 2019.

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