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L’objectif du CRIIGEN est de semer le doute sur l’innocuité des OGM et de fournir des arguments avec le label «scientifique et indépendant» aux militants anti-OGM. Sans base militante, le CRIIGEN n’hésite pas à faire du sensationnalisme et à jouer sur les peurs, comme en exhibant les photos de rats malades nourris avec un maïs OGM. Jusqu’au départ de l’association du chercheur militant Gilles-Eric Séralini fin 2018, l’activité du CRIIGEN a principalement reposé sur les travaux de celui-ci, visant en particulier les OGM et les produits phytosanitaires de la société Monsanto. Depuis octobre 2021, suite à la défection de plusieurs autres responsables historiques (Corinne Lepage, Pierre-Henri Gouyon, Christian Vélot, Robin Mesnage…), il n’y a plus d’activité ni sur son site ni sur son compte Twitter.
Après le départ de Gilles-Eric Séralini et jusqu’en octobre 2021, c’est principalement le biologiste Christian Vélot qui a alimenté la communication du CRIIGEN, ciblant notamment les «nouveaux OGM». Il a aussi, dans le contexte de la crise du Covid-19, défrayé la chronique en produisant en décembre 2020 un Rapport d’expertise sur les vaccins ayant recours aux technologies OGM, «en particulier ceux de dernière génération avec les risques potentiels qu’ils peuvent engendrer». Bien qu’expliquant qu’il ne s’agit «en aucune sorte une prise de position anti ou pro-vaccinale», ce rapport est venu en soutien à un recours juridique mené par diverses associations connues pour leur militantisme antivaccin. Plusieurs responsables de l’association sont connus pour leur position hostile au vaccin anti-Covid.
Le CRIIGEN a souvent pu bénéficier d’une couverture médiatique plutôt complaisante car l’association se défend de tout parti pris idéologique. Sur son site, l’association se définit d’ailleurs comme «un comité apolitique et non-militant d’expertise, de conseil, indépendant des producteurs d’OGM». Si le CRIIGEN est en effet indépendant des producteurs d’OGM, il est toutefois dépendant de ses clients anti-OGM, comme le reconnaît Gilles-Eric Séralini : «Nous-mêmes, le CRIIGEN, nous sommes indépendants des producteurs d’OGM, nous ne sommes pas indépendants de nos adhérents ! Nous sommes bien sûr dépendants des citoyens qui veulent bien nous aider, même des industriels qui veulent bien nous demander des contre-expertises.»
Il a en effet existé une grande proximité entre les grands groupes de la distribution et le CRIIGEN. Ainsi, Carrefour, qui a aidé financièrement l’association anti-OGM dès le départ, a fait partie du conseil d’administration du CRIIGEN jusqu’en 2010. En outre, Gérard Mulliez, ancien patron et fondateur d’Auchan, a créé l’association Ceres qui a financé le CRIIGEN à hauteur de 2 millions d’euros une étude sur un maïs OGM. On constate aussi des liens entre le CRIIGEN et le lobby du bio, puisque l’association a reçu des financements du Groupe Léa Nature, de Biocoop, de Botanic, de la Fondation Ekibio, de l’Institut de l’Alimentation Bio et de la Sustainable Food Alliance. Par ailleurs, il existe des soupçons de conflits d’intérêts puisqu’une douzaine d’études du CRIIGEN ont été cofinancées par la Fondation Denis Guichard, longtemps présidée par Jean-Marie Pelt et dirigée par une administratrice de la société Sevene Pharma. Or Gilles-Eric Séralini a régulièrement fait la promotion des produits homéopathiques de cette société.
Quant au caractère «non-militant» de leur activité, il est de façade, puisque plusieurs responsables du CRIIGEN sont aussi des militants anti-OGM, comme Arnaud Apoteker, l’eurodéputé EELV Benoît Biteau ou Angelika Hilbeck. Certains d’entre eux sont déjà venus témoigner en faveur des Faucheurs Volontaires d’OGM lors de leurs procès. D’ailleurs, la permanence administrative du CRIIGEN est assurée par Guillaume de Crop, militant des Faucheurs Volontaires d’OGM.
Enfin, de nombreux scientifiques ont mis en cause la valeur des travaux de Gilles-Eric Séralini, et la fameuses étude controversée du CRIIGEN sur un OGM a été désavouée et retirée en novembre 2013 par Food and Chemical Toxicology, la revue qui l’avait acceptée en septembre 2012. En 2018, trois expertises françaises et européennes ont invalidé les conclusions de l’étude décriée du CRIIGEN.
Association de la loi 1901, créée en 1999.
Conseil d’administration
- Joël Spiroux de Vendômois : président
- Dominique Merlhès : trésorier
- André Lefebvre
- Arnaud Apoteker
- Benoît Biteau
- Pierre-Yves Boyer
- Colette Coussement
- Isabelle Chivilo
- Etienne Dervieux
- Emilie Gaillard
- Miguel Garcia Casas
- Alain Grimfeld
- Denise Jourdan Hemmerdinger
Conseil scientifique
- Michael Antoniou
- Angelika Hilbeck
- Dominique Cellier
- Louis-Marie Rocque
- Nicolas Defarge
- Charles Sultan
- Jacques Estienne
- Jacques Testart
- Louise Vandelac
- Marcello Buiatti
- Jean-Paul Bourdineaud
Corinne Lepage a créé l’association en 1999 sur le modèle de la CRIIRAD, association antinucléaire fondée par son amie Michèle Rivasi. Pour cela, elle a été rejointe par Jean-Marie Pelt, à l’origine en 1996 d’un appel de scientifiques pour un moratoire de 5 ans sur les OGM, dont l’un des signataires n’était autre que Gilles-Eric Séralini. L’idée du CRIIGEN naîtra de discussions entre Jean Marie Pelt et Gilles Eric Séralini, lors des rencontres Sciences Frontières de février 1998. Selon Corinne Lepage, «les premières études commandées par Carrefour qui souhaitait, sous l’impulsion de Chantal Jaquet, se doter d’une filière sans OGM arrivent et le CRIIGEN se développe au-delà de toute espérance, en particulier grâce au travail colossal de GES qui lance des études à la fois sur les pesticides et sur les OGM.» Donc, dès le début de l’association et jusqu’en 2018, l’expertise du CRIIGEN a reposé exclusivement sur les travaux de Gilles-Eric Séralini.
Etudes et communication. Jusque fin 2018, les activités du CRIIGEN ont été centrées sur les études effectuées par Gilles-Eric Séralini et son équipe pour démontrer le danger des OGM et du Roundup. Si de nombreuses études ont été publiées par le CRIIGEN, c’est surtout en 2012 que l’association anti-OGM a défrayé la chronique en dévoilant en exclusivité dans le Nouvel Obs les résultats d’une étude réalisée par Gilles-Eric Séralini sur des rats nourris pendant 2 ans avec un maïs OGM. Mais cette étude a été désavouée et retirée en novembre 2013 par Food and Chemical Toxicology, la revue qui l’avait acceptée. En 2018, trois expertises françaises et européennes (GRACE, G-TwYST et OGM90+) ont invalidé les conclusions de l’étude décriée du CRIIGEN. L’association anti-OGM estime que les résultats de ces études «ne remettent pas en cause les résultats de l’étude “Séralini 2012” car les protocoles et les objectifs sont trop différents».
En 2010, Christian Vélot débute une étude sur 4 ans afin de remettre en cause le principe d’équivalence en substance, avec comme partenaires la Région Ile-de-France, le CRIIGEN et Générations Futures. Un colloque de restitution «Evaluation et réglementation des OGM et Pesticides» a été coorganisé en novembre 2015. En mai 2019, le CRIIGEN a sorti deux DVD des conférences de Christian Vélot, l’une «sur les techniques de manipulation génétique (incluant celles conduisant aux nouveaux OGM et le forçage génétique)», l’autre «sur les perturbateurs endocriniens et leurs impacts sur nos gènes (épigénétique)». En janvier 2020, publication d’une étude de Christian Vélot sur les effets du Roundup sur un champignon du sol, réalisée dans le cadre d’un projet impliquant Générations Futures et le CRIIGEN.
En décembre 2020, Christian Vélot a rédigé un Rapport d’expertise sur les vaccins ayant recours aux technologies OGM, «en particulier ceux de dernière génération avec les risques potentiels qu’ils peuvent engendrer». Il a également enregistré une vidéo à ce sujet qui a eu près de 1,6 million de vues.
Juridique. Le CRIIGEN mène aussi, sous l’impulsion de Corinne Lepage, des actions sur le plan légal. En mai 2009, le CRIIGEN a attaqué, en vain, la composition du Haut Conseil sur les biotechnologies devant le Conseil d’Etat car «aucun membre du Criigen (…) n’a été retenu». En juin 2009, à la suite des études menées par Gilles-Eric Séralini, le CRIIGEN a saisi le ministre de l’Agriculture d’une demande de suspension de l’autorisation de mise sur le marché du Roundup. Dans le même temps, le CRIIGEN a saisi le Conseil d’Etat d’un recours dirigé contre le décret du 19 mars 2007 relatif aux OGM. De plus, par arrêt du 24 juillet 2009 rendu à la demande du CRIIGEN, le Conseil d’Etat a annulé deux décrets de 2007 relatifs à l’obligation d’information du public sur la culture en plein champ d’OGM expérimentaux. En avril 2017, le CRIIGEN, représenté par Maître Corinne Lepage, a déposé un recours contre l’autorisation par l’ANSES d’un nouvel herbicide à base de glyphosate, le Roundup Pro360. En janvier 2019, le tribunal administratif de Lyon a donné raison au CRIIGEN et a annulé l’autorisation de mise sur le marché de cet herbicide. En février 2021, le Conseil d’État rejette les requêtes en référé du CRIIGEN, d’Agir pour l’environnement et de collectifs de maires qui contestaient les distances d’épandages de pesticides. Au même moment, le Conseil d’Etat a rejeté la demande du CRIIGEN et d’autres structures pour suspendre l’arrêté de réautorisation temporaire des néonicotinoïdes.
Conférences et formations. Le CRIIGEN organise de temps à autres des conférences comme en novembre 2009 sur le thème «Vaccins issus du Génie Génétique: quels risques ?» ou comme un séminaire international intitulé «Transparency and open-science» en mars 2014. Les 11 et 12 mars 2010, le CRIIGEN organise avec l’université de Caen un colloque sur le thème «Innovation & Précaution». Du 24 au 26 mars 2011, le CRIIGEN a co-organisé l’Université de Caen, l’ENSSER et Sciences Citoyennes une conférence intitulée «Sustainability and holistic assessment of technologies and biotechnologies». En 2016, il y a eu les Assises Technologos/CRIIGEN sur le thème « Techniques, médecine et santé – Les envers d’un mythe du progrès ».
De 2012 à 2018, le CRIIGEN a été impliqué dans l’organisation d’une quinzaine de séminaires de formation à l’hôtel-restaurant «Le Mas de Rivet». Le premier séminaire en 2012 a porté sur le thème «OGM et pesticides», le deuxième sur «Médecine environnementale et détoxification» (avec la participation de la société Sevene Pharma). En 2013, les thèmes ont été :«Pesticides : comment et pourquoi une toxicité, quelles alternatives ?» et «L’environnement et ses différentes pollutions, médecine environnementale et détoxification». En 2014, la formation a porté sur «Médecine environnementale, plantes et détoxification, OGM, pesticides» et sur «Pollutions et détoxifications», en présence notamment du Dr Milbert, proche du mouvement Invitation à la Vie (IVI).
Réseau. Le CRIIGEN est membre de l’ENSSER (European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility). Ce groupe de scientifiques militants, calqué sur le modèle de l’Union of Concerned Scientists, en collaboration avec Sciences Citoyennes et la Fondation pour le progrès de l’homme, compte parmi ses responsables plusieurs administrateurs du CRIIGEN. En 2018, le CRIIGEN est l’un des membres fondateurs de La Maison des lanceurs d’alerte, une association coprésidée par Arnaud Apoteker, administrateur du CRIIGEN.
Le CRIIGEN est totalement opaque en ce qui concerne ses financements. Sur son site, il n’y a aucun rapport financier ni rapport d’activités. En 2009, l’autofinancement était faible, de l’ordre de 12%.
Le CRIIGEN reçoit des fonds d’entreprises. Il est établi que le groupe Carrefour a été un contributeur régulier pour les travaux du CRIIGEN, au moins entre 1998 et 2010. Pour l’étude de 2012 sur l’OGM NK603, l’association a bénéficié de 2 millions de l’association Ceres, créée par le fondateur et ancien patron d’Auchan Gérard Mulliez et regroupant une cinquantaine d’entreprises. Outre le Groupe Léa Nature qui apporte des subventions depuis 2007, on peut mentionner : Botanic (2013), Cafés Malongo (2013-2014), Ekibio (2012-2017), Institut de l’Alimentation Bio (2016-2017), Biocoop (2016-2018). En 2009, la société Sevene Pharma a participé au financement d’une étude sur le glyphosate.
Diverses fondations participent aussi au financement du CRIIGEN. Lors d’un procès de Gilles-Eric Séralini en 2011, il a été mentionné que la Fondation pour une Terre humaine a octroyé la somme totale de 55.000 euros pour les années 2007, 2008 et 2009. La Fondation Denis Guichard, dirigée par une administratrice de la société Sevene Pharma, a cofinancé une douzaine d’études du CRIIGEN. On peut aussi mentionner la Fondation pour le progrès de l’homme qui a octroyé 1,1 million d’euros pour l’étude de 2012, l’Institut Bio Forschung Austria (2014) et la JMG Foundation (2011-2012).
Côté fonds publics, la Région Ile-de-France a voté en 2013 une aide de 20.000 euros au CRIIGEN et de 23.000 euros en 2015 et en 2016. En 2011, le Conseil régional de Rhône-Alpes a donné une subvention de 12.000 euros. Le Conseil régional de Basse-Normandie a cofinancé des bourses doctorales entre 2005 et 2011. Pour l’étude sur le maïs NK603, le député UMP François Grosdidier a donné 100.000 euros de sa réserve parlementaire, et le CRIIGEN affirme avoir reçu 100.000 euros du ministère de la Recherche.
Pour les ONG écologistes, on sait qu’en 2007 Greenpeace a déboursé 17.000 euros pour une étude sur le maïs transgénique MON863. En 2008, Greenpeace Inde a commandé une autre étude au CRIIGEN, cette fois-ci concernant l’aubergine Bt en Inde. Le Sustainable Food Trust a apporté son aide en 2012-2013 et TestBiotech Allemagne en 2010-2012.
Sur leur site, le CRIIGEN donne la liste suivante de leurs clients : Greenpeace, groupe Carrefour, groupe Auchan, ministère de l’Agriculture italien, ministère de l’Environnement québécois, Union européenne, Comité de Biosécurité de la Chine, Direction générale de l’Agriculture à la Commission européenne, Confédération paysanne européenne et française, Verts, PS, Cap 21, UMP, université de Montréal, les universités d’Egypte et de Tunisie, Institut des Appellations d’Origine, Les Grands Cuisiniers, des associations de consommateurs, des Conseils régionaux ou généraux, Agence Bio, Ecocert…