Dominique Bourg

Philosophe
Professeur honoraire à l’université de Lausanne
Directeur de collections chez PUF
Directeur de la rédaction de La pensée écologique
Membre de la rédaction d’Esprit
Membre de la rédaction de VertigO
Membre du conseil scientifique d’Ecologie & Politique
Membre du conseil scientifique de Futuribles
Membre du conseil scientifique de la Green Management School
Président du conseil scientifique de la Fondation Zoein
Membre du conseil d’orientation de La Fabrique Ecologique
Ancien président du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot (2000-2018)
Parrain d’Adrastia
Site : https://blogs.letemps.ch/dominique-bourg/

Grâce à son bagage universitaire, son travail intellectuel de fond sur l’écologie et ses nombreux ouvrages, Dominique Bourg apparaît comme un expert sur les questions environnementales. Régulièrement invité à des conférences et dans les médias, il est aussi un homme de réseaux et d’influence. En effet, il rencontre Nicolas Hulot dès 1998 et confie : «Nicolas cherchait à s’acoquiner avec un philosophe. Pour se créer une stature, pour se donner du sérieux.» Outre le fait de devenir le «mentor» de Nicolas Hulot à l’époque, Dominique Bourg met en place le comité de veille écologique (CVE) qui deviendra un levier d’influence non négligeable, notamment avec le succès du Pacte écologique en 2007. Il explique ainsi : «Lorsque le comité de veille a été créé en 2000, au départ c’était un deal. Nous étions des scientifiques mais aussi des spécialistes des sciences humaines. Nicolas Hulot avait sa notoriété. Il nous a dit : je serai votre porte-parole. (…) Cela a donné le Pacte écologique. Jamais l’un d’entre nous n’aurait cru un jour être aussi influent !» Le philosophe a aussi eu un rôle important en tant que membre de la Commission Coppens chargée de préparer la Charte de l’environnement en 2002, ainsi qu’au moment du Grenelle de l’environnement en 2007.
Aujourd’hui, il semble désabusé par cette stratégie d’influence, déclarant en 2018 : «Personnellement, j’ai joué mon rôle de conseiller du pouvoir, j’ai fait de nombreuses propositions. Comme on peut le constater, le résultat est assez faible.» Il estime que «stratégiquement, nous sommes dans une période clé, donc il faut batailler d’une autre manière». D’où son soutien à des mouvements comme Extinction Rebellion, ANV-COP21, Alternatiba et les grèves du climat qui, selon lui, contribuent à «l’écologisation de la société».
Sur le fond, il est devenu très critique à l’égard du développement durable : «Nous avons tablé sur la possibilité de découpler la production de richesse de la consommation de ressources, donc sur la possibilité de faire plus avec moins. C’était une idée intéressante, il fallait l’expérimenter. Simplement, elle s’est révélée fausse.» Et de conclure que «nous nous trouvons au pied du mur et la seule alternative qui nous reste est la décroissance matérielle ou, dans un avenir impossible à déterminer, le clash». Il considère qu’«aujourd’hui, le bornage de nos libertés est dicté par la survie de l’espèce. Une loi d’airain», ajoutant : «Il va nous falloir apprendre à borner le pouvoir des individus par un autre pouvoir, collectif, qui devra agir en son nom propre, sans se défausser derrière quelque mécanisme anonyme de marché, impuissant en l’occurrence à imposer quelque limite.»
Dominique Bourg contribue aussi à mettre en avant des propositions de réforme radicale de la société. Par exemple, il appelle de ses vœux à mettre en place une «démocratie écologique» dans laquelle «les ONG environnementales aient un rôle particulier à jouer dans les organes délibératifs : mettre en lumière, avec preuves et raisons, les jalons environnementaux – pour le présent et l’avenir, pour les territoires proches et lointains – des politiques publiques à travers l’ensemble des activités gouvernementales». Parmi les 35 propositions de l’ouvrage collectif Retour sur terre, il a notamment proposé sur le volet agricole : «Il est urgent de mettre en place un modèle agricole à très haute productivité par unité de surface et à faible productivité par unité de travail. Une telle agriculture exigera de mobiliser à terme entre 15 et 30 % de la PEA, d’abandonner presque entièrement la motorisation à énergie fossile et d’avoir massivement recours à l’énergie musculaire (animale ou humaine).» Ou encore d’instaurer des quotas d’énergie/matière par individu : «Il s’agirait de plafonner démocratiquement, de façon progressive, les consommations d’énergie/matière (et notamment les consommations d’énergie fossile, émettrices de CO2).»

Né le 11 août 1953 à Tavaux (Jura), l’itinéraire de Dominique Bourg est passé par plusieurs étapes, expliquant que sa «première expérience marquante, quand j’étais enfant, fut de découvrir un jour que le ruisseau où je venais attraper des écrevisses était devenu orange, et qu’il n’y avait plus d’écrevisses» à cause d’une pollution industrielle. Dans sa jeunesse, il milite au PSU et, étudiant à Strasbourg, il découvre également la revue écologiste Survivre et vivre d’Alexandre Grothendieck. Sa formation universitaire comprend trois Licences, deux Maîtrises, deux DEA, deux Doctorats (1981, 1995) et une Habilitation à Diriger des Recherches en Philosophie (1998). Il a eu ensuite une longue carrière dans les milieux académiques, avec notamment les postes suivants : maître de conférences (Sciences-Po Paris, 1997-2006), professeur des universités (Université de technologie de Troyes, 2000-2006), directeur du Pôle de compétences Développement Durable et président de la Chaire d’écologie industrielle (Université de technologie de Troyes, 2005-2006), directeur de l’Institut des Politiques Territoriales et de l’Environnement Humain (Université de Lausanne, 2006-2009), professeur ordinaire à l’Institut de géographie et durabilité (l’Université de Lausanne, 2006-2019).
Ses publications de jeunesse, notamment sa première thèse, s’inscrivent dans le domaine de la philosophie de la religion. En revanche, sa seconde thèse publiée en 1996 (L’Homme artifice. Le sens de la technique) porte sur des questions écologiques. C’est en 1998 que Dominique Bourg va pleinement entrer dans l’écologisme militant. Via une amie de Paris Match, il rencontre Nicolas Hulot et lui propose l’idée d’un comité de veille écologique (CVE) attaché à la Fondation Nicolas Hulot. Dominique Bourg confie : «Nicolas cherchait à s’acoquiner avec un philosophe. Pour se créer une stature, pour se donner du sérieux.» Grâce à son carnet d’adresses, le philosophe met en place le CVE, dont il aura la présidence jusqu’en 2019, expliquant : «Lorsque le comité de veille a été créé en 2000, au départ c’était un deal. Nous étions des scientifiques mais aussi des spécialistes des sciences humaines. Nicolas Hulot avait sa notoriété. Il nous a dit : je serai votre porte-parole. Ensuite, on a compris qu’il ne fallait pas faire 20.000 propositions mais se concentrer sur cinq mesures lisibles. Cela a donné le pacte écologique. Jamais l’un d’entre nous n’aurait cru un jour être aussi influent !»
A partir de cette collaboration avec Nicolas Hulot, Dominique Bourg acquiert une influence notable dans les cercles de pouvoir. Pendant la campagne présidentielle de 2002, il contribue à deux discours environnementaux du candidat Jacques Chirac. En 2001, il préside le comité de soutien de Corinne Lepage pour les élections présidentielles et participe à son programme électoral. De 2002 à 2003, il est membre de la Commission Coppens chargée de préparer la Charte de l’environnement. De 2003 à 2006, il est membre du Conseil National du Développement Durable. De 2005 à 2006, il est président du conseil scientifique de la fondation Décider ensemble, créée à l’initiative du ministre de l’Ecologie Serge Lepeltier. Ensuite, sous la présidence Sarkozy, il prend part au Grenelle de l’environnement (2007-2008) en tant que vice-président de la commission 6 (Promouvoir des modes de développement écologiques favorables à l’emploi et à la compétitivité), puis du groupe d’études sur l’économie de fonctionnalité (Comop 31).
Dominique Bourg a également diverses responsabilités auprès d’entreprises. Il devient membre du Conseil de l’environnement d’EDF (1999-2008) puis président du Conseil sociétal d’EDF (2008-2012). Il préside le Comité développement durable de Generali Investments France (2007-2013). En 2010, il est administrateur de CDC Climat. En 2015, la Fondation Veolia lui attribue le Prix du livre Environnement. Depuis lors, il collabore régulièrement avec la fondation Veolia (président du jury du Prix du livre Environnement depuis 2019, conférences 2C en 2018 et 2019, podcast en 2020).
En 2018, Dominique Bourg s’engage en politique au côté de la présidente de Génération écologie, Delphine Batho. En mars 2019, il annonce prendre la tête de la liste Urgence Ecologie pour les Européennes, avec le soutien d’Antoine Waechter (Mouvement écologiste indépendant) et Delphine Batho. La liste recueille 1,82% des voix. En avril 2019, il apporte son soutien au mouvement Extinction Rebellion.

  • L’homme artifice, le sens de la technique, Gallimard, 1996.
  • Les scénarios de l’écologie, Hachette Littératures, 1996.
  •  Nature et technique, Hatier, 1997.
  • Parer aux risques de demain-Le principe de précaution, avec Jean-Louis Schlegel, Seuil, 2001.
  • Quel avenir pour le développement durable ?, Le Pommier, 2002.
  • Le nouvel âge de l’écologie, Editions Descartes & Cie-Charles Léopold Meyer, 2003.
  • Perspectives on Industrial Ecology, préface du président Jacques Chirac, Greenleaf Publishing, 2003.
  • Conférences de citoyens, mode d’emploi, avec Daniel Boy, Editions Descartes &Cie-Charles Léopold Meyer, 2005.
  • Le Développement durable demain ou jamais, avec G.-L. Rayssac, Gallimard, 2006.
  • Vers une démocratie écologique. Le citoyen, le savant et le politique, avec K. Whiteside, Seuil, 2010.
  • Pour une 6ème République écologique, collectif, Odile Jacob, 2011.
  • Du risque à la menace. Penser la catastrophe, co-direction avec P.B. Joly et A. Kaufmann, PUF, 2013.
  • La pensée écologique. Une Anthologie, avec Augustin Fragnière, PUF, 2014.
  • Dictionnaire de la pensée écologique, avec Alain Papaux, PUF, 2015.
  • L’Âge de la transition : En route pour la reconversion écologique, avec Alain Kaufmann et Dominique Méda, Les Petits matins, 2016.
  • Le choix du pire, de la planète aux urnes, avec Corinne Lepage, PUF, 2017.
  • Écologie intégrale : Pour une société permacirculaire, avec Christian Arnsperger, PUF, 2017.
  • Une nouvelle terre. Pour une autre relation au monde, Éditions Desclée de Brouwer, 2018.
  • Le marché contre l’humanité, PUF, 2019.
  • Retour sur Terre : 35 propositions, avec Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Philippe Desbrosses, Xavier Ricard Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton, PUF, 2020.
  • Petit traité politique à l’usage des générations écologiques, avec Alain Papaux, Entremises, 2021.

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