Daniel Cohn-Bendit

Ancien député européen d’EELV
Ancien président du groupe Verts/ALE au Parlement européen
Animateur sur Europe 1
Fondateur d’Ecolo Europa

Daniel Cohn-Bendit a une très bonne connaissance du milieu politique européen, ayant été député européen entre 1994 et 2014. Il fustige l’intégrisme Vert et prône «une écologie qui prenne acte de l’économie de marché pour mieux la réguler». Il revendique l’étiquette «libéral-libertaire», expliquant qu’il faut un «réformisme écologico-social lié à une tradition libertaire qui est effectivement non étatique». Il est en porte-à-faux avec l’aile antilibérale des Verts sur de nombreuses positions, et les militants de la décroissance le prennent régulièrement comme cible. Ainsi, Daniel Cohn-Bendit estime que «tout écologiste conséquent doit être pour une stricte limitation des dépenses publiques», «des services comme le téléphone, le chemin de fer, la poste, l’électricité n’ont pas raison de rester dans les mains de l’Etat», «il faut que les machines travaillent 7 jours sur 7, donc admettre la travail le week-end», etc. De fait, il admet avoir «été longtemps mal à l’aise chez les Verts allemands et souvent très mal chez les Verts français». Il milite aussi pour un fédéralisme européen, plaide pour une politique d’immigration «ouverte» et pour la dépénalisation des drogues «douces».
A partir de 2008, il a tenté de faire évoluer l’écologie politique française à travers son initiative Europe Ecologie (EE). Comme l’explique son frère Gaby, il s’agissait d’avoir un mouvement écologiste allant de José Bové à Nathalie Kosciusko-Morizet, donc beaucoup plus large que les Verts actuels. Après les succès électoraux d’EE aux Européennes de 2009 et aux Régionales de 2010, Daniel Cohn-Bendit déplore de voir l’appareil des Verts prendre le contrôle de la nouvelle formation. En juin 2011, la motion qu’il présente au Congrès d’EELV est largement battue par celle de Cécile Duflot. Amer, Daniel Cohn-Bendit considère que la secrétaire nationale d’EELV «a, avec ses amis, la main sur le parti (…) Elle est plus forte que moi pour mener un parti ; je n’ai jamais vu une organisation aussi pyramidale !». En 2012, il estime : «On existe à l’Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d’une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable. (…) Aujourd’hui, nous incarnons souvent l’insoutenable légèreté de l’arrivisme.»
Daniel Cohn-Bendit affirme désormais que son «investissement dans la politique nationale avec Europe Ecologie est terminé». Même s’il n’a plus aucune responsabilité au sein du parti écologiste français, il ne manque jamais une occasion d’exprimer ses réflexions à son sujet, suscitant à chaque fois des débats.

Daniel Cohn-Bendit, né le 4 avril 1945 à Montauban (Tarn-et-Garonne), fait d’abord partie brièvement de la Fédération anarchiste, puis du mouvement Noir et Rouge. Proche du communisme libertaire, il s’inscrit en propédeutique pour étrangers à la Sorbonne-Censier, en 1965-1966. En 1967, il est étudiant en sociologie à la faculté de Nanterre lorsque commence le mouvement de contestation qui deviendra le Mouvement du 22-Mars en 1968. Il devient avec Alain Geismar et Jacques Sauvageot l’une des figures de proue du mouvement de Mai 68. Interdit de séjour en France, il ne pourra retourner dans l’hexagone qu’en 1978. Dès la fin des «événements», il s’installe à Francfort-sur-le-Main, où il s’intègre à la mouvance contestataire. Il est successivement aide-éducateur dans une crèche autogérée et employé à la librairie Karl-Marx. Cependant, il s’éloigne progressivement d’une posture d’opposition au système politique. En 1981, il soutient la candidature de Coluche à la présidence de la République. En 1984, il adhère au parti écologiste allemand, Die Grünen, et se lie avec Joschka Fischer. Depuis 1989, Daniel Cohn-Bendit est élu sous l’étiquette des Verts au conseil municipal de Francfort-sur-le-Main. En 1994, il est élu député au Parlement européen sur la liste des Grünen. Il sera ensuite réélu en tant que tête de liste des Verts en France (1999), puis à nouveau comme représentant des Grünen (2004) et enfin en tant que tête de liste d’Europe Écologie en France (2009). Il est coprésident du groupe Verts/ALE au Parlement européen depuis 2002. En 2000, il lance l’idée de la Troisième Gauche Verte (TGV), mais reçoit un accueil mitigé chez les Verts. Il est intervenu à l’université d’été du Medef en 2000 et en 2006. En 2005, lors du débat national autour du référendum sur le projet de Constitution européenne, Daniel Cohn-Bendit milite activement en faveur du «oui». En 2007, il soutient Dominique Voynet lors de l’élection présidentielle. Il est aussi vice-président du Mouvement européen-France depuis février 2007. En 2008, en vue des prochaines élections européennes, il lance, avec son frère Gaby, le mouvement Europe Ecologie, un large rassemblement des Verts et de représentants issus du milieux associatif, avec comme objectif un «Green Deal». En 2009, à l’occasion des élections européennes, il conduit la liste Europe Écologie dans la circonscription Ile-de-France et recueille 20,86 % des voix. En mai 2011, la motion qu’il conduit avec Marie Bové obtient 26,55 % et est donc battu par celle de Cécile Duflot qui a récolté 50,25 % des suffrages des militants d’EELV. Depuis septembre 2013, il anime sur Europe 1 sa chronique «L’humeur de Dany». Daniel Cohn-Bendit quitte le Parlement européen en avril 2014, après 20 ans de participation active et ne se représente pas aux élections européennes 2014. En mars 2015, il propose «la candidature EELV d’une même personne aux primaires de droite et de gauche». Le 22 mai 2015, il obtient la nationalité française.

  • Le gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme (avec Gabriel Cohn-Bendit), Éditions du Seuil, 1968.
  • Le Grand Bazar, 1975.
  • Nous l’avons tant aimée, la révolution, Barrault, 1986 ; édition augmentée, Seuil, 1988.
  • La France est-elle soluble dans l’Europe ?, Daniel Cohn-Bendit, Henri Guaino, Fondation M. Bloch, 1999.
  • Petit dictionnaire de l’euro, Daniel Cohn-Bendit, Olivier Duhamel ; avec la collab. de Thierry Vissol, Seuil, 1998.
  • Xénophobies, histoires d’Europe, avec Thomas Schmid, Grasset, 1998.
  • Une envie de politique, entretiens avec Lucas Delattre et Guy Herzlich, La découverte, Le Monde, 1998.
  • Un pavé dans la mare, L’Archer, 1999.
  • Forget 68 (entretiens), Éditions de l’Aube, 2008.
  • Mai 68, préface de Daniel Cohn-Bendit, Denoël, 2008.
  • Que faire ?, petit traité d’imagination politique à l’usage des Européens, Hachette Littératures, 2009.
  • Pour la planète, Dalloz-Sirey, 2009.
  • Debout l’Europe !, avec Guy Verhofstadt, André Versaille éditeur, 2012.
  • Pour supprimer les partis politiques !? Réflexions d’un apatride sans parti, Indigène éditions, coll. «Ceux qui marchent contre le vent», 2013.
  • De l’écologie à l’autonomie, avec Cornelius Castoriadis, Editions Le Bord de l’eau, 2014.
  • L’Humeur de Dany, Robert Laffont, 2014.

 

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