Député européen d’Europe Ecologie-Les Verts
Membre de la Commission de l’Agriculture et du Développement Rural
Membre de la Délégation pour les relations avec les États-Unis
Faucheur Volontaire
Profil
José Bové est l’une des grandes figures médiatiques de l’écologisme, de l’altermondialisme et des luttes paysannes, en particulier contre les OGM. L’engagement politique de José Bové remonte il y a longtemps, inspiré aussi bien par des penseurs anarchistes comme Kropotkine, Makhno, Bakounine, etc., que par les grands critiques de la société industrielle, ou «technicienne», qu’ont été Jacques Ellul et Ivan Illich. Les deux autres grandes références de José Bové sont Henry David Thoreau, précurseur de la conservation de l’environnement, et Gandhi, qui ont été déterminants dans son choix d’opter pour la désobéissance civile comme moyen d’action. Mais il s’agit aussi d’une stratégie de communication qui s’est avérée efficace. Comme l’explique Stéphane Rozès (directeur de CSA-Opinion), «sa popularité est aussi trempée dans le conflictuel et il en joue avec talent en construisant son image sur de l’affrontement». Et ce qui rend sympathique José Bové, aux yeux des médias comme à ceux du public, c’est qu’il prend toujours la posture de David contre Goliath, n’oubliant jamais de jouer les victimes quand Goliath ose répliquer. Ainsi, la destruction d’un MacDonald’s en 1999 et les fauchages d’OGM à partir de 1996 ont été conçus, avec cette image positive du petit contre le géant, afin de créer un rapport de force favorable pour ses revendications. A noter que depuis 1999 il est conseillé par Denis Pingaud, ancien de la LCR et ami de Jean-Paul Besset, qui a été directeur d’Euro-RSCG et vice-président exécutif d’OpinionWay.
Par ailleurs, la pensée radicale de José Bové l’a naturellement rapproché des milieux de la décroissance. Il est régulièrement apparu dans les colonnes du journal La décroissance et est notamment intervenu, en juillet 2005, lors de la manifestation célébrant la fin de la «Marche pour la décroissance». Il explique ainsi : «Aujourd’hui, on sait que si on veut que tous les habitants du monde puisse vivre avec le même niveau de vie qu’on a nous, en France, il faut quatre planètes. Or on n’a qu’une seule planète pour tous les habitants de la planète. Donc, il va falloir qu’on partage. Et si ce n’est pas nous qui d’abord diminuons notre niveau de vie et notre mode de consommation, c’est évident qu’il ne restera rien pour les autres.»
La victoire du «non» au TCE en 2005 l’incite à utiliser cette dynamique pour se présenter à la présidentielle de 2007. Son score médiocre (1,32%) le pousse à adopter une stratégie plus pragmatique. En 2008, il rejoint Daniel Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset pour la liste Europe Ecologie aux Européennes. Les partisans de la décroissance parlent de trahison, et de nombreux sympathisants radicaux de José Bové regrettent ses compromissions. Aux critiques venant de son aile radicale, José Bové a déclaré: «Etre radical, j’ai su le faire. Il faut aussi être pragmatique. Dire “On est anti-ceci ou anti-cela”, dans une position protestataire, ça ne suffit pas.» En septembre 2012, l’ancien opposant à la Constitution européenne fustige la décision d’EELV de voter, au Parlement français, contre la ratification du traité d’union budgétaire («TSCG»), déclarant : «Certains chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV) cherchent un brevet de gauche, c’est un brevet de tête dans le mur qu’ils vont obtenir.» En 2015, il porte encore un jugement critique sur son parti : «L’image pour notre politique est désastreuse. On a le choix entre le gauchisme avec Cécile Duflot, l’opportunisme avec Jean-Vincent Placé, voilà l’avenir d’Europe-Ecologie-Les-Verts. Je pense qu’il faut totalement reconstruire. Je ne vois pas ce qu’on peut faire avec une boutique comme ça…» En mars 2017, il intègre l’équipe de campagne de Benoît Hamon pour la présidentielle de 2017.
Depuis quelques années, et en contradiction avec la position de nombreux écologistes, José Bové s’oppose à la gestation pour autrui (GPA) et à la procréation médicalement assistée (PMA), expliquant : «Ces techniques conduisent à une société qui pratique soit l’eugénisme, soit le transhumanisme.» En 2014, José Bové s’est aussi attiré les foudres des associations naturalistes et de la direction de son parti quand il s’en est pris au loup, expliquant : «Si le loup risque d’attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c’est de prendre le fusil et de tirer. La menace du loup, c’est quelque chose qui fait que les gens ne dorment pas (…). Je ne crois pas qu’au nom de la biodiversité on doive accepter.»
Parcours
Né le 11 juin 1953 à Talence (Gironde), il a passé les premières années de sa vie aux Etats-Unis, où ses parents étaient invités en tant que chercheurs à l’université de Berkeley. Au début des années 70, il demeure seul à Paris et fréquente les milieux pacifistes et antimilitaristes, proches des mouvements chrétiens ouvriers. En 1971, il rencontre Alice Monier à la faculté de Bordeaux avec laquelle il se mariera. Il fera également connaissance de Jacques Ellul, un des précurseurs de la décroissance et qui sera l’une de ses sources d’inspirations. Objecteur de conscience, il est déclaré déserteur en 1972. En 1973, il participe au rassemblement national contre l’extension du camp militaire dans le Larzac, où il rencontre Bernard Lambert. Il sera aussi marqué par sa rencontre avec Lanza del Vasto, fondateur de la Communauté de l’Arche. Il s’installe en 1976 au Larzac pour élever des moutons, tout en poursuivant son militantisme antimilitariste. En 1978, José Bové et sa femme fondent un Centre cantonal des jeunes agriculteurs (CCJA), dont Alice devient vice-présidente. En 1981, il fonde le Syndicat des Paysans-Travailleurs de l’Aveyron, où se retrouvent les membres du CCJA. En 1987, il contribue à la création de la Confédération paysanne, dont il devient l’un des cinq secrétaires nationaux.
En 1995, il participe dans l’océan Pacifique à l’opération menée par Greenpeace contre la reprise des essais nucléaires. Il intervient également pour soutenir les mouvements des Tahitiens et des Kanaks. De 1996 à fin 2004, il est porte-parole de Via Campesina. En juin 1997, il participe au premier fauchage anti-OGM. Il fait également partie des membres fondateurs de l’association ATTAC en 1998. En août 1999, il participe au saccage d’un McDonald’s en chantier à Millau, dont la couverture médiatique exceptionnelle fera de José Bové une figure connue du grand public, notamment grâce aux articles de Jean-Paul Besset, alors correspondant du Monde. José Bové participe aux manifestations en marge du Sommet de l’OMC, à Seattle en décembre 1999, devenant ainsi une figure emblématique de l’antimondialisation. José Bové multiplie les interventions dans les manifestations antimondialisation et les actions anti-OGM. Toujours en 1999, il rencontre Denis Pingaud, directeur de la stratégie chez Euro-RSCG C&O et camarade de Jean-Paul Besset. A partir de ce moment, Denis Pingaud devient l’un des conseillers en communication de José Bové. En mars 2002, il se rend avec une délégation au palais présidentiel palestinien à Ramallah, dont ils craignent l’attaque. Alors qu’il sort à la tête d’une délégation en agitant un drapeau blanc, José Bové est arrêté par l’armée israélienne et expulsé. En mars 2002, il intervient lors du colloque «Défaire le développement, refaire le monde», qui marque le début du débat sur la décroissance. Lors du rassemblement Larzac 2003, Jean-Baptiste Libouban, responsable de la Communauté de l’Arche, propose à José Bové de créer le mouvement des Faucheurs Volontaires et en devient le véritable animateur. En avril 2004, il quitte la Confédération paysanne. Fin 2004 et début 2005, il se bat pour le non au référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, jugeant celui-ci «ultra-libéral» et «antisocial». En juillet 2005, il intervient lors de la manifestation célébrant la fin de la «Marche pour la décroissance» et apparaît aussi régulièrement dans le journal La décroissance. En 2007, il se présente aux présidentielles avec un programme antilibéral mais ne faisant pas référence à la décroissance. Il récolte 1,32% des suffrages et a appelé à voter Ségolène Royal au second tour. Début 2008, il a entamé une grève de la faim pour obtenir un moratoire sur le MON 810. La décision du gouvernement allant dans ce sens là, José Bové est considéré comme victorieux par les médias et son activité de fauchage est légitimée.
En 2009, il se rapproche de Daniel Cohn-Bendit et devient tête de liste aux Européennes pour Europe Ecologie et est élu député dans la circonscription Sud-Ouest avec 15,82% des voix. De 2009 à 2014, il est vice-président de Commission de l’agriculture et du développement rural au Parlement européen. En septembre 2010, le Parlement européen adopte le Rapport rédigé par José Bové intitulé Des revenus plus justes pour les agriculteurs dans le cadre d’un meilleur fonctionnement de la chaîne alimentaire. Fin 2010, il s’engage dans un nouveau combat : le gel des prospections en vue d’extraire du gaz de schiste en France. En juin 2011, il soutient la candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle, mais deviendra ensuite l’un des porte-parole de la candidate Eva Joly. En septembre 2012, il critique la décision d’EELV de voter, au Parlement français, contre la ratification du traité d’union budgétaire («TSCG»). En août 2012, il affirme : «On peut tirer le loup, parce que la priorité est de maintenir les paysans dans les zones de montagne.» Suite à cette déclaration, il est poursuivi par l’ASPAS pour «incitation à la destruction d’espèce protégée», mais l’association naturaliste est déboutée. En juillet 2013, il se porte candidat à la candidature de la présidence de la Commission européenne. En mai 2014, il est réélu député européen avec 11,48% des voix. En août 2014, il participe avec Greenpeace et les Faucheurs Volontaires à la destruction d’une parcelle de maïs MON810. En mars 2015, en pleine promotion de son livre L’alimentation en otage, il appelle au boycott des bonbons M&M’s et des chewing-gum Hollywood en raison de la présence d’un additif, le E171. En août 2016, il regrette le retrait de Nicolas Hulot de la course à la présidentielle de 2017. En novembre 2016, José Bové appelle les Français à «bloquer» le chantier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, «de façon non-violente et à visage découvert». En mars 2017, il intègre l’équipe de campagne de Benoît Hamon pour la présidentielle de 2017, en charge de la thématique «mondialisation agricole».
José Bové a un parcours judiciaire chargé en raison de sa participation à de nombreux fauchages, et a effectué plusieurs séjours en prison.
Bibliographie
- Nous, Paysans, avec Gilles Luneau, 2000.
- José Bové – La révolte d’un paysan, entretiens avec Paul Ariès et Christian Terras, éd. Golias, 2000.
- Le Monde n’est pas une marchandise ; des paysans contre la malbouffe, avec François Dufour et Gilles Luneau, 2001.
- Retour de Palestine, 2002.
- Paysan du Monde, avec Gilles Luneau, 2002.
- La Confédération paysanne, avec Yves Manguy, 2003.
- Pour la désobéissance civique, avec Gilles Luneau, 2004.
- Candidat rebelle, 2007.
- José Bové, un paysan pour l’Europe, avec Claude-Marie Vadrot, 2009.
- Du Larzac à Bruxelles, entretiens avec Jean Quatremer, éditions Cherche-Midi, 2011.
- Changeons de cap, changeons de PAC, avec Gilles Luneau, éditions Alternatives, 2012.
- Hold-up à Bruxelles, avec Gilles Luneau, La Découverte, 2014.
- Depuis le Larzac, avec François Ernenwein, Elytis, 2015.
- L’alimentation en otage, avec Gilles Luneau, Autrement, 2015.
- Du sentiment de justice et du devoir de désobéir, avec Erri De Luca et Gilles Luneau, Indigène Editions, 2016.