Jacques Testart

Président d’honneur de Sciences Citoyennes
Membre du conseil scientifique d’ATTAC
Membre du conseil scientifique du CRIIGEN
Administrateur de la Maison des lanceurs d’alerte
Directeur de Recherche honoraire à l’INSERM
Site : http://jacques.testart.free.fr

Jacques Testart est très engagé, en particulier à travers l’association Sciences Citoyennes, dans une critique de la «technoscience», c’est-à-dire les applications technologiques de la science. Il dénonce régulièrement les OGM, n’hésitant pas à prendre la défense des Faucheurs Volontaires d’OGM ou de qualifier de «négationnistes du désastre transgénique» ceux qui critiquent les travaux de Gilles-Eric Séralini.
Ayant milité en 2012 pour un «Front de gauche antiproductiviste et objecteur de croissance», il se dit «athée de la gauche extrême», mais ajoute qu’il a été longtemps «accusé d’être un agent des intégristes catholiques (par exemple par la bande de Caroline Fourest dans les années 90…)» pour son opposition au diagnostic préimplantatoire (DPI). En effet, il s’inquiète des dérives eugénistes rendues possibles par le DPI et dresse un parallèle entre cette tendance à l’homogénéisation de l’espèce humaine à long terme avec la standardisation des semences, notamment les OGM. Il se déclare «consterné» par les positions d’EELV favorables à la procréation médicalement assistée (PMA), «comme si les écologistes d’appareil reniaient les fondements mêmes de l’écologie, avec les principes de frugalité, d’autonomie et de convivialité». Jacques Testart est aussi un pourfendeur du Téléthon, le jugeant «scandaleux». Il affirme, à tort, que le Téléthon «rapporte chaque année autant que le budget de fonctionnement de l’Inserm tout entier. Les gens croient qu’ils donnent de l’argent pour soigner. Or la thérapie génique n’est pas efficace».
En outre, Jacques Testart s’oppose au transhumanisme, un mouvement qui prône l’amélioration par la technique des caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Il va jusqu’à critiquer la recherche médicale qui aide «les paraplégiques à avoir des fonctions “subnormales” grâce à des électrodes placées dans le cerveau», expliquant : «Évidemment, c’est bien pour eux. Mais dans le même temps, ça veut dire qu’on progresse techniquement sur le rapport entre l’informatique et le cerveau, techniques qui vont servir à l’avancée du projet transhumaniste en général.»
Cependant, il ne pense pas que, dans une société idéale, la recherche «deviendrait interdite ou seulement superflue», mais il estime qu’elle devrait être régulée : «Augmenter le savoir c’est augmenter la masse des innovations, ce qui n’est supportable pour l’homme et la planète que si on dispose d’un système régulateur, lequel ne peut pas demeurer l’affaire exclusive des chercheurs et des industriels.» C’est ainsi qu’il milite pour la mise en place des conférences de citoyens, rebaptisées «conventions de citoyens», afin de «promouvoir l’élaboration démocratique des choix scientifiques et techniques». Autrement dit, des groupes de citoyens seraient amenés à se prononcer sur les orientations scientifiques et technologiques du pays. Il débat régulièrement de ces questions avec Etienne Chouard, un économiste souvent attaqué pour ouvrir des passerelles entre la gauche radicale et l’extrême droite. Par ailleurs, Jacques Testart s’est déclaré «pour la suppression du Sénat et son remplacement par une assemblée citoyenne tirée au sort et renouvelée régulièrement, qui n’ait pas les privilèges des élus actuels», afin «de contrebalancer les choix des députés».
Ancien chroniqueur du journal La décroissance, Jacques Testart est un fervent partisan de la décroissance, persuadé que «notre monde devra survivre à la réduction de sa consommation en développant la frugalité mais aussi des relations de coopération et de solidarité qui, seules, peuvent rendre la décroissance supportable, si ce n’est réjouissante». Il rejette donc avec force le développement durable : «L’ultime croyance est celle du “développement durable” qui repose largement sur l’utopie que des technologies appropriées seront forcément découvertes afin de remédier à chaque déséquilibre créé par la Sainte Croissance. Une telle mystification est suicidaire mais elle permet d’ouvrir de nouveaux marchés où s’engouffrent les parvenus du néo-libéralisme». Il considère également que «les ennemis de la vie ne sont pas seulement parmi les industriels, ils sont aussi ceux qui ne croient pas à la catastrophe.»

Né en 1939, Jacques Testart est agronome et biologiste de formation, docteur ès sciences, il est de 1964 à 1977 chercheur à l’INRA (reproduction des mammifères domestiques). Entre 1978 et 2007, il est chercheur à l’INSERM (procréation naturelle et artificielle dans l’espèce humaine). Auteur des premières «mères porteuses» chez les bovins en 1972, Jacques Testart est le père scientifique du premier bébé éprouvette français né en 1982. Il mène des travaux sur la congélation de l’embryon humain (1986) ainsi que sur la fécondation in vitro avec injection du spermatozoïde (1994). De 1988 à 2000, il est membre de la Commission Nationale de Médecine et Biologie de la Reproduction (CNMBR). Il est aussi fondateur de la Fédération des biologistes de la fécondation et de la conservation de l’œuf (BLEFCO), du Groupe d’Etude de la FIV en France (GEFF) et du dossier national informatisé (FIVNAT). En 1993, il devient membre du Conseil pour les droits des générations futures, mis en place par le Premier ministre Pierre Bérégovoy. Mais en 1995, après l’annonce de la reprise des essais nucléaires par la France, le président du conseil, Jacques-Yves Cousteau, démissionne et le conseil ne s’est plus réuni. Entre 1999 et 2003, Jacques Testart préside la Commission française du développement durable. Il a été membre du conseil d’administration de l’association Inf’OGM jusqu’en 2008. Il soutient les actions des Faucheurs Volontaires et est régulièrement venu témoigner à leurs procès. Il a présidé au départ, en 2002, le conseil d’administration de la Fondation Sciences Citoyennes et reste aujourd’hui président d’honneur. En 2007, il soutient la candidature présidentielle de José Bové. En mars 2012, il lance, avec le philosophe décroissant Paul Ariès, un «Appel des gauches antiproductivistes et objectrices de croissance à voter pour Jean-Luc Mélenchon». Depuis 2008, il dénonce le Téléthon, le qualifiant de «plus cher cabaret du monde».
Il est l’auteur de plus de 300 articles dans la presse scientifique internationale. Différents journaux (Politis, Le Monde, Libération) publient occasionnellement ses tribunes.  Il a longtemps tenu une chronique dans le journal La décroissance. Mais suite à des invectives de Vincent Cheynet, directeur du journal, dans des numéros récents contre le journaliste écologiste Fabrice Nicolino et le philosophe Patrick Viveret, le nom de Jacques Testart n’apparaît plus dans le comité de rédaction. En revanche, il a écrit ponctuellement pour Le Sarkophage, le journal de Paul Ariès. En 2016, il rejoint le conseil scientifique du CRIIGEN. En septembre 2016, il rejoint le collectif des Jours heureux-Le Pacte, fondé dans le but de soumettre un programme aux candidats aux élections présidentielle et législatives. Il y a co-écrit le texte «Subordonner les technosciences à l’éthique». En octobre 2016, il participe à une audition programmatique de La France insoumise. En février 2017, il écrit une tribune dans Libération intitulée «Du mammouth cloné à l’éléphant crisperisé». En septembre 2018, il est auditionné par la Mission d’information sur la révision des lois de bioéthique à l’Assemblée nationale. En novembre 2018, il est auditionné par le Conseil économique, social et de l’environnement (CESE) pour son étude «Sciences et société : les conditions du dialogue». Le même mois, il devient administrateur de la Maison des lanceurs d’alerte.
Il a reçu différentes distinctions : Ordre du Mérite (1983), Prix scientifique de la Ville de Paris (1990), Prix Moron (philosophie) de l’Académie Française (1993), Docteur honoris causa de l’Université de Louvain (1995).

  • De l’éprouvette au bébé spectacle, éd. complexe, 1984
  • L’œuf transparent, éd. Flammarion coll Champs, 1986
  • Simon l’embaumeur, éd. François Bourin, 1987 ; Gallimard coll. Folio, 1988
  • Le magasin des enfants, (collectif) éd. François Bourin, 1990 ; Gallimard coll Folio, 1994
  • Le désir du gène, éd. François Bourin, 1992 ; Flammarion coll. Champs, 1994
  • La procréation médicalisée, éd. Flammarion coll. Dominos, 1993
  • Des grenouilles et des hommes, éd Stock, 1995
  • Pour une éthique planétaire, (avec Jens Georg Reich) éd. Mille et une nuits, 1997
  • Eve ou la répétition, éd. Odile Jacob, 1998
  • Des hommes probables, éd. du Seuil, 1999
  • Procréation et manipulations du vivant, France Loisirs, 2000
  • Au bazar du vivant, (avec Christian Godin) éd. du Seuil, coll. Points Virgule, 2001
  • Réflexions pour un monde vivable, (collectif) Mille et une nuits, 2003
  • Le vivant manipulé, Sand, 2003
  • Le vélo, le mur et le citoyen, Belin, ,2006
  • Petit florilège naturaliste, Belin, 2006
  • OGM : quels risques ? (avec Yves Chupeau), Ed. Prométhée, Collection Pour ou contre, 2007
  • Labo-planète. Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens, avec Catherine Bourgain et Agnès Sinaï, Fayard, coll. Mille et une nuits, 2011
  • A qui profitent les OGM ?, CNRS Editions, 2013
  • Faire des enfants demain, Seuil, 2014
  • L’Humanitude au pouvoir : Comment les citoyens peuvent décider du bien commun, Seuil, 2015
  • Rêveries d’un Chercheur Solidaire, La Ville brûle, 2016
  • Au péril de l’humain, Les promesses suicidaires des transhumanistes, avec Agnès Rousseaux, Ed. du Seuil, 2018

 

 

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