Noël Mamère

Ancien député écologiste (1997-2017)
Administrateur de Basta !
Membre de la coordination politique provisoire de Génération.s

Apprécié des médias pour ses petites phrases et son sens de la provocation, Noël Mamère explique l’origine de son engagement dans l’écologie par l’influence de deux penseurs personnalistes girondins: «J’ai découvert l’écologie grâce à deux hommes qui ont beaucoup compté dans ma vie : Jacques Ellul et Bernard Charbonneau. (…) Ce sont ces deux hommes qui ont éveillé et éduqué mon esprit critique et qui m’ont amené à l’écologie dès mes 20 ans. » Il affirme ainsi : «Je suis devenu écologiste le jour de mon arrivée à la faculté de Bordeaux, en 1969 (…), influencé par Jacques Ellul (…) qui fut le premier à écrire sur l’ambivalence du progrès». Pourtant, Noël Mamère reconnaît qu’à la présidentielle de 1974, il a voté pour Jacques Chaban-Delmas et non pour René Dumont, le candidat écologiste. En fait, l’engagement écologiste de Noël Mamère apparaît plus clairement bien plus tard, même si ses différents louvoiements d’alliances politiques révèlent un certain opportunisme. Sa sincérité écologiste est régulièrement mise en cause, comme avec sa défense de la corrida ou encore son mensonge en 2007 sur un déplacement qu’il prétendait avoir fait à vélo alors qu’il l’avait fait en voiture. Il défend une conception girondine de l’Etat, au plan national, et une conception fédérale de l’Europe. Opposé au colbertisme, il se félicite de voir que «la France, c’est aussi l’histoire de la résistance multiforme des sociétés locales à l’emprise de l’Etat, la France de la rébellion face au pouvoir central». L’un des ses principaux conseillers est Patrick Farbiaz, son assistant parlementaire qu’il a rencontré à Génération Ecologie, et avec lequel il a écrit plusieurs livres. Ancien stalinien, fréquentant Alain Lipietz à la GOP, Patrick Farbiaz a été secrétaire général du Réseau Voltaire.
A partir de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, Noël Mamère développe certaines inimitiés au sein du parti. Il critique ouvertement certaines prises de position d’Eva Joly, allant même jusqu’à douter de l’intérêt de cette candidature. Le 25 septembre 2013, suite à l’éviction de Pascal Durand à la tête d’EELV, Noël Mamère annonce quitter le parti, tout en souhaitant rester au sein du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Il justifie ce départ ainsi : «J’ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j’ai représenté à la présidentielle de 2002. Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. (…) Les vrais patrons sont ceux qu’on appelle “la firme” : Cécile Duflot et ses amis.» En septembre 2014, Noël Mamère appelle le groupe écologiste à voter contre la confiance au gouvernement Valls et déclare qu’il ne se «sens plus partie prenante de cette majorité». Opposé à un retour des écologistes au gouvernement, fustigeant régulièrement «une politique menée par des socialistes encore très productiviste, très ancienne mode». Pour la présidentielle de 2017, il apporte son soutien à Yannick Jadot, tout en ajoutant : «Il y a une candidature de combat, celle de Jean-Luc Mélenchon, là où les écologistes sont condamnés à une candidature de témoignage.» En 2017, Noël Mamère abandonne toutes ses fonctions politiques. En juin 2018, il renonce à diriger une liste aux Européennes, faute d’accord entre EELV et Génération.s, et critique durement Yannick Jadot qui, selon lui, fait preuve «d’une grande cécité politique». Noël Mamère affirme alors arrêter la politique mais, début 2019, il participe au mouvement Place publique.
Par ailleurs, en décembre 2017, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique estime qu’il existe «un doute sérieux quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité» concernant la déclaration de situation patrimoniale de fin de mandat de Noël Mamère, «du fait de l’omission d’une partie substantielle du patrimoine».

Né le 25 décembre 1948 à Libourne, Noël Mamère commence sa carrière comme journaliste. Il est d’abord journaliste pigiste à l’ORTF (1969-1972), puis correspondant pour l’Aquitaine du Quotidien de Paris (1974-1975), journaliste à l’agence de Bordeaux de RMC (1975-1977), présentateur de l’émission « C’est la vie » sur Antenne 2 (1977-1982), présentateur, rédacteur en chef adjoint du JT Antenne 2 Midi (1982-1986) et, sur la même chaîne, présentateur des JT du week-end, créateur de l’émission « Samedi chez vous » (1986-1987), pour enfin terminer responsable et présentateur de l’émission « Résistances » (1986-1992). Fort de sa notoriété, il s’engage en politique. Il est élu en 1988 comme suppléant du député socialiste de la 10ème circonscription de Gironde, Gilbert Mitterrand. Grâce à un arrangement entre François Mitterrand, Jacques Chaban-Delmas et la droite béglaise, Noël Mamère devient maire de Bègles en 1989 (réélu en 1995 et en 2001). Après son échec en 1989 à une législative partielle, il crée Génération Ecologie (GE) avec Brice Lalonde. En 1992, il devient vice-président et porte-parole de GE. La même année, il est élu conseiller régional d’Aquitaine. En février 1994, il lance, sans succès, un appel à la constitution d’une liste commune entre les Verts et GE, et quitte GE pour fonder Convergences écologie solidarité dont il devient le président. Par opportunisme, selon son propre aveu, il se présente aux Européennes en 1994 sur la liste de Bernard Tapie et est élu député européen. En 1995, il soutient Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle et non Dominique Voynet. En 1997, il est élu député de la 3ème circonscription de la Gironde (réélu en 2002, en 2007 et en 2012). En 1998, il adhère, avec l’ensemble de son mouvement, aux Verts. En novembre 2001, lors d’un référendum sur le maintien de la candidature d’Alain Lipietz à l’élection présidentielle, il annonce sa «décision irrévocable» de ne pas être candidat de substitution. Il reviendra sur cette décision deux jours plus tard et obtient 5,25% des suffrages à la présidentielle de 2002. Le 5 juin 2004, il a célébré le premier mariage homosexuel dans sa mairie, afin de lutter contre ce qu’il dit considérer comme une discrimination homophobe. Il soutient l’action des Faucheurs Volontaires et a été lui-même condamné pour l’arrachage de maïs transgénique en 2004, en Haute-Garonne. Il a été très impliqué dans les débats sur la loi OGM en 2008, faisant le relais, avec le député socialiste Philippe Martin, des revendications de José Bové et des militants anti-OGM. En 2008, Noël Mamère a prêté serment comme avocat au barreau de Paris, mais a demandé et obtenu son omission du barreau de Paris en 2011. En 2009, il fait activement campagne pour la liste Europe-Ecologie. Dès 2010, il soutient la candidature d’Eva Joly à la présidentielle. Mais quand celle-ci, en 2011, ne s’exprime pas clairement sur son soutien à François Hollande au deuxième tour, Noël Mamère dira qu’«Eva Joly ne respecte pas ses engagements pris lors de la primaire» . En mars 2012, il ira jusqu’à douter de l’intérêt de cette candidature. Suite à la Conférence environnementale de 2013, il appelle les sénateurs et députés de son parti à ne pas voter le budget 2014 en l’état. Le 25 septembre 2013, suite à l’éviction de Pascal Durand à la tête d’EELV, il annonce quitter le parti, tout en souhaitant rester au sein du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. En septembre 2013, il a confie au Monde que s’il est réélu à la mairie de Bègles en 2014, il abandonnerait son mandat de député. Cependant, il revient sur sa décision, expliquant : «Renoncer à mon mandat de député, même dans ma circonscription plutôt à gauche, c’est permettre à la droite de gagner un siège, donc je ne peux pas me permettre ça.» Depuis mai 2014, il écrit régulièrement des chroniques pour le site d’écologie radicale Reporterre. En septembre 2014, Noël Mamère appelle le groupe écologiste à voter contre la confiance au gouvernement Valls et déclare qu’il ne se «sens plus partie prenante de cette majorité». En mai 2015, il annonce : «Je ne me représenterai pas en 2017 aux législatives parce que j’aurai été député pendant 20 ans.» En 2017, Noël Mamère abandonne toutes ses fonctions politiques. En décembre 2017, il rejoint la coordination politique provisoire de Génération.s. Toujours en décembre 2017, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique estime qu’il existe «un doute sérieux quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité» concernant la déclaration de situation patrimoniale de fin de mandat, «du fait de l’omission d’une partie substantielle du patrimoine». La Haute Autorité a «jugé nécessaire de porter ces faits, susceptibles de constituer des infractions pénales, à la connaissance du procureur de la République de Paris et lui a transmis l’ensemble du dossier». En juin 2018, il renonce à diriger une liste aux Européennes, faute d’accord entre EELV et Génération.s. Noël Mamère affirme alors arrêter la politique mais, début 2019, il participe au mouvement Place publique.

  • Telle est la télé, Editions Megrelis, 1982.
  • Andriana, Editions Mazarine, 1984.
  • La Dictature de l’audimat, Editions La Découverte, 1988.
  • Gens de Garonne, Editions l’Esprit du Temps, 1993.
  • Chine : on ne baîllonne pas la lumière, avec Marie Holzmann, Editions Ramsay, 1996.
  • Gens de Garonne « Les Forçats de la mer », Editions Ramsay, 1997.
  • Ma République, Editions du Seuil, 1999.
  • Non merci Oncle Sam, Editions Ramsay, 1999.
  • Gens de Garonne « Le Combat des humbles », Editions Ramsay, 2000.
  • Les Damnés de la mer, avec Daniel Cattelain, Editions One, 2000.
  • La Vie rêvée du loft, avec Patrick Farbiaz, Editions Ramsay, 2001.
  • Toxiques affaires, avec Jean-François Narbonne, Editions Ramsay, 2001.
  • Gens de Garonne « La Malédiction des justes », Editions Ramsay, 2002.
  • La Fracture humaine, avec Patrick Farbiaz, Editions du Seuil, 2002.
  • Mes vertes années, avec Claire Baldewyns, Editions Fayard, 2002.
  • Dangereuse Amérique, avec Patrick Farbiaz, Editions Ramsay, 2003.
  • SARKOZY, mode d’emploi, Ramsay, 2006.
  • La tyrannie de l’émotion, avec Patrick Farbiaz, Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2008.
  • Petits arrangements entre amis : le parrain des médias, avec Patrick Farbiaz, Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2009.
  • Chine, on ne bâillonne pas la lumière, avec Marie Holzman, Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2009.
  • Eloge du mariage pour tous, Esprit du temps, 2013.
  • Contre Zemmour. Réponse au Suicide français, avec Patrick Farbiaz, Les Petits Matins, 2014.
  • Changeons le Système, Pas le Climat, avec Patrick Farbiaz, Flammarion, 2015.
  • Les mots verts, entretiens avec Stéphanie Bonnefille, L’Aube, 2016.
  • Contre Valls. Réponse aux néoconservateurs, avec Patrick Farbiaz, Les Petits Matins, 2016.

 

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